Immigration : le nord cherche un second souffle

THUNDER BAY – Les sonnettes d’alarme sont déclenchées sur le dossier de la main-d’œuvre francophone dans le nord de l’Ontario. Le forum du Réseau de soutien à l’immigration francophone du Nord de l’Ontario (RSIFNO) organisé les 5 et 6 mars sur ce thème aura cette année une teneur particulière.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Pour sa première édition en dehors du Grand Sudbury, l’événement annuel tenu cette fois-ci à Thunder Bay visera à « conscientiser » plus que jamais les populations du Nord aux avantages de l’immigration francophone.

Le lancement du programme Entrée express depuis le 1er janvier, destiné à faciliter les demandes de résidence permanente présentées au titre de certains programmes d’immigration économique fédéraux, demeure le bon moment pour dynamiser cette immigration, et par voie de conséquence l’attrait des francophones, selon le coordonnateur de projet au RSIFNO, Christian Howald.

« Ce lancement peut effectivement donner un nouvel atout dans la région du nord de l’Ontario où l’on parle de 51 000 emplois à pourvoir jusqu’en 2022. Entrée express constitue une possibilité de faciliter les recherches d’emploi. L’urgence est particulièrement importante pour certains métiers comme les mécaniciens, les électriciens ou encore les soudeurs. »

Les chiffres sont à cet égard éloquents. D’après les différents recensements de Statistique Canada, la population du Grand Sudbury a perdu environ 5 000 résidents de 1996 à 2011, passant de 165 481 à 160 770 personnes.

La croissance démographique est aussi moribonde du côté de Thunder Bay (121 596 résidents en 2011), laquelle a perdu 1,1% de sa population cette même année par comparaison à 2006. Une baisse quant à elle de 0,6% est également observée sur la même période pour la ville de Temiskaming Shores.

« Les municipalités évoluaient auparavant avec une vision de l’emploi unique. La diversification de l’économie ces dernières années pour le nord de l’Ontario a mené à une difficulté d’avoir des personnes qualifiées pour pourvoir ces nouveaux emplois », poursuit le responsable.

Chiffres francophones inquiétants

La situation est particulièrement inquiétante du côté des francophones dont la présence s’étiole grandement au fur et à mesure des années. Et ce malgré la hausse globale de 4,9% de francos apparue sur la période 2006-2011 au vu du dernier recensement. Le nord-est et le nord-ouest de la province connaissent effectivement une baisse de la proportion de cet échantillon linguistique, respectivement de 2,7 et 7,1% sur la même période.

Aucune des grandes villes du Nord ontarien n’échappe à la baisse des francophones. Leur proportion a chuté de 3% dans le Grand Sudbury entre 2001 et 2011, passant de 29,9 à 26,7% selon Statistique Canada. Une tendance semblable à Thunder Bay où le fait francophone fléchissait de 2,8 à 2,4% sur dix ans. Même constat également à Timmins (41,1 à 37,2%) et North Bay (16,4 à 15%).

« Les emplois historiques des francophones, par exemple travailler dans des scieries, ont pour la plupart disparu, analyse M. Howald. La population francophone est donc beaucoup plus vieillissante que celle des anglophones, ce qui ne favorise pas un taux de natalité élevé ».