Immigration francophone : des « incitatifs » encore flous

Le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration du Canada, Chris Alexander, en compagnie de la présidente de la FCFA Marie-France Kenny.

OTTAWA – Le gouvernement fédéral a affirmé, lundi 2 mars, vouloir prendre à bras-le-corps l’enjeu de l’immigration francophone hors Québec, sans fournir une liste d’actions claires.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Devant une centaine de francophones réunis à l’hôtel Lord Elgin dans le cadre de la 9e journée de réflexion sur l’immigration francophone, le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, Chris Alexander, a dévoilé son principal engagement : apporter une lentille francophone au programme « Entrée express ».

Lancé en janvier par Citoyenneté et Immigration Canada afin de gérer les demandes de résidence permanente présentées au titre de certains programmes d’immigration économique, « Entrée express » ne comporte pour le moment aucune spécificité à l’immigration francophone. Et ce au grand dam de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA).

Engagement ne rime pas encore avec mesures concrètes, et M. Alexander l’a reconnu : « Nous sommes actuellement dans un exercice de réflexion pour viser les meilleures solutions ». Le ministre espère malgré tout atteindre le chiffre de 10 000 nouveaux arrivants par an dans les neuf provinces où le français demeure minoritaire. Et dans le court terme, donner un coup d’accélérateur avec une « annonce au printemps », dévoilant les moyens, puis des « résultats avant la fin de l’automne ».

Comme lors du coup d’envoi de la Semaine de l’immigration francophone en novembre dernier à La Cité, M. Alexander s’est de nouveau déclaré « déçu » que la cible de 4,4% d’immigration francophone d’ici 2023, dévoilée par le Comité directeur Citoyenneté et Immigration Canada – Communautés francophones en situation minoritaire en 2006, ne soit pas encore atteinte.

Le chiffre aux alentours de 2% fait toujours sourciller la présidente de la FCFA, Marie-France Kenny : « Il est vraiment minuit moins une concernant l’immigration francophone », a-t-elle partagé à #ONfr. « Les chiffres de 2014 seraient d’ailleurs encore moins bons que ceux de 2013. 50% du chemin est fait aujourd’hui avec l’annonce du ministre (…) Mais on espère pas seulement une lentille francophone, mais plusieurs. »

Quelles lentilles justement? Les différents acteurs francophones, en éducation ou en service de proximité entre autres, ont planché sur la question une partie de la matinée. La promotion est apparue en tête des idées retenues. « Les foires d’emplois sont très importantes. Nous devons travailler avec les employeurs. Aussi, faire connaitre les communautés avec des vidéos », note Yves Saint-Germain de Citoyenneté et Immigration Canada.

 

Côté ontarien

Reste que le discours de M. Alexander n’a pas convaincu tout le monde. Parmi eux : le président de l’Assemblée de la francophonie (AFO) Denis Vaillancourt : « On reste toujours sur notre appétit pour savoir quels ajustements vont être faits. Je n’ai pas cru voir d’engagements concrets, mais il (M. Alexander) semble à l’écoute des recommandations émises dernièrement par les commissaires. »

Une allusion à la sortie commune (et rare) des trois commissaires linguistiques du Canada (MM. Boileau, Fraser et Mme d’Entremont), en novembre, concernant leurs préoccupations en matière d’immigration francophone hors Québec.

Dans le même temps à l’automne dernier, l’Ontario avait présenté le projet de loi 49 visant avant tout à dessiner une « nouvelle orientation sur la manière de sélectionner, d’accueillir et d’aider les immigrants et immigrantes dans la province », en se dotant d’une cible de 5% d’immigrants francophones dans la province.

Le projet pourrait être adopté très prochainement à l’Assemblée législative de Queen’s Park.