Île-du-Prince-Édouard : les libéraux partent favoris

Le premier ministre Wade MacLauchlan à la rencontre des électeurs.

CHARLOTTETOWN – Le hasard du calendrier l’a placé la veille de l’élection en Alberta. Bien que presque oublié, ce scrutin identique dans l’Île-du-Prince-Édouard, le lundi 4 mai, possède au moins une similitude avec la province de l’or noir.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Tout comme son homologue Jim Prentice dans l’Ouest canadien, le tout nouveau premier ministre Wade MacLauchlan, 60 ans et ancien recteur de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard, joue d’entrée son avenir politique avec une élection.

Élu à la surprise générale à la tête du Parti libéral en février en remplacement du premier ministre démissionnaire Robert Ghiz, M. MacLauchlan pourrait obtenir la faveur des 90 000 électeurs appelés aux urnes. Et ainsi donner aux libéraux, au pouvoir depuis 2007, un troisième mandat d’affilée.

« L’enjeu principal de cette élection reste le leadership des chefs de chaque parti », analyse Don Desserud, politologue à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard. « M. MacLauchlan devra faire oublier quelques scandales qui ont entaché les libéraux ces derniers temps. »

Après trois ans d’enquête, la Gendarmerie royale du Canada n’avait finalement pas porté d’accusations après des allégations de fraude impliquant un programme d’investisseurs étrangers. Autre épine dans le pied des libéraux : le flou autour d’un projet gouvernemental de jeux de hasard sur Internet qui a été abandonné en 2012.

« M. MacLauchlan bénéficie d’une bonne image auprès de la population. Il est vu comme quelqu’un d’intelligent avec de l’imagination. À l’inverse, les progressistes-conservateurs n’arrivent pas à tirer profit de ces mécontentements. Ils ont eu beaucoup de divisions internes et n’ont que trois des 27 députés de l’Assemblée législative. Ils partent donc de très loin. »

Sous la houlette de l’ancien conseiller municipal de Charlottetown, Rob Lantz, élu à la tête du parti le 21 février dernier, les progressistes-conservateurs tardent toujours à faire leur retard dans les sondages sur leurs adversaires libéraux. « Le fait que les élections prévues à l’automne ont été déclenchées plus tôt fait que les conservateurs n’ont pas pu se préparer idéalement et mettre en place une stratégie », estime M. Desserud.

Derrière ces deux principales formations politiques se partageant le pouvoir depuis 1873, le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Pati vert continuent de naviguer dans les basses eaux, malgré deux nouveaux leaders respectifs pour cette élection, Mike Redmond et Peter Bevan-Beker. « Les électeurs changent très rarement de parti dans la province, ce qui ne favorise pas dans l’émergence des autres groupes. »

 

Économie morose

Autre domaine non négligeable pour les électeurs : l’économie. Et les chiffres ne sont toujours pas roses pour l’Île-du-Prince-Édouard qui possédait un taux de chômage de 11% en mars 2015. L’équivalent de quatre points au-dessus de la moyenne fédérale. Sans compter la dette de plus de 2 milliards $. « C’est beaucoup pour une population de plus de 140 000 résidents », reconnait M. Desserud.

Dépendante en partie du tourisme, de l’agriculture et de la pêche, l’économie de l’île garde plus que jamais les yeux tournés vers Ottawa. « Les deux partis voudront se distinguer par leur capacité à bien négocier d’éventuels coups de pouce du gouvernement fédéral. M. MacLauchlan met en avant son réseautage, tandis que son rival conservateur joue sur le fait qu’il est issu de la même formation politique que M. Harper. »