Grève déclenchée dans les collèges ontariens

Le Collège La Cité a été concerné par la grève.Archives #ONfr

Les premiers piquets de grève sont installés dans les 24 collèges de l’Ontario. 500 000 étudiants sont affectés, notamment des milliers qui évoluent dans des institutions francophones. 

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Les négociations entre le Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO) et le Conseil des employeurs des collèges n’ont pas abouti. La convention collective était arrivée à échéance depuis la fin du mois de septembre.

Pour le syndicat représentant les 12 000 professeurs, instructeurs, conseillers et bibliothécaires, l’impasse est aujourd’hui « regrettable ».

« Nous avons élaboré scrupuleusement une offre équitable et raisonnable qui tenait compte des préoccupations du Conseil en matière de coûts »,  indique JP Hornick, présidente de l’équipe syndicale de négociation, par voie de communiqué. « Le Conseil a malheureusement refusé d’accepter nos propositions. »

Parmi les points d’achoppements : la précarité des emplois des enseignants. Au cours des dernières années, la direction des collèges aurait eu tendance à embaucher plus de personnel contractuel.

D’autres demandes sont également mises de l’avant par le SEFPO, notamment en ce qui a trait à la gestion des salles de cours et des techniques d’enseignement.

Pour le président du SEFPO, Warren (Smokey) Thomas, le syndicat « s’est forgé la réputation de parvenir à des accords sans arrêt de travail, malheureusement, cela ne s’est pas produit dans ce cas-là ».

M. Thomas « encourage néanmoins les collèges à retourner à la table de négociation » afin de trouver un accord rapidement.

La dernière grève chez les enseignants des collèges ontariens remonte à 2006.

Le gouvernement appelle à l’entente

La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, Deb Matthews, s’est contentée de dire que les étudiants étaient la priorité, tout en demander le retour à la table de discussion. Elle a aussi rappelé que le gouvernement n’allait pas s’ingérer dans un processus de négociation.

La ministre Matthews ne s’est pas prononcée sur la volonté de certains étudiants de voir leur frais de scolarité rembourser le temps que le conflit durera. Lundi matin, une pétition de plus de 40 000 noms circulait sur internet avançant cette demande.

Le chef du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario, Patrick Brown, a pour sa part appelé le gouvernement à faire preuve de leadership lors de ce conflit, tout en appelant les parties patronales et syndicales à la discussion.

« Je veux que les étudiants aient la chance d’apprendre et le gouvernement doit s’assurer que l’on ait une entente », a-t-il commenté.

La chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, Andrea Horwath, a demandé au gouvernement de s’attaquer à la source du problème, soit le sous-financement des collèges. Mme Horwath ne préconise pas une intervention gouvernementale dans ce conflit.

Des professeurs partagent leurs craintes

Devant le campus torontois du Collège Boréal, de nombreux manifestants étaient positionnés à la vue du plus grand nombre pour signifier leur insatisfaction. La précarité de nombreux professeurs inquiète, ont indiqué certaines des personnes présentes sur les piquets de grève.

« De plus en plus, on voit que les professeurs ont des contrats ou à temps partiel. On veut changer cela pour permettre à nos étudiants d’avoir une meilleure qualité d’éducation », explique Francine Giroux, professeur de pharmacie au Collège Boréal à Toronto.

Brice Robert, professeur en informatique, abondait dans le même sens. « Les professeurs à temps plein sont un peu comme la colle entre les divers programmes. Du fait qu’il y a un temps plein, cette personne a une vision globale, elle peut aider les professeurs à temps partiel. Sans cette colle, le programme risque d’être un peu bancal », a-t-il dit.

Dans les couloirs du campus torontois de Boréal, il n’y avait que de rares étudiants venus profiter des équipements informatiques de l’institution, malgré la grève. Plusieurs ont partagé leur insatisfaction par rapport à la situation.

« Ça va me retarder par rapport à mes objectifs. Je devais avoir un examen, quand sera-t-il remis? On est très mal informé, on ne sait pas trop ce qui va se passer », a indiqué l’un d’eux.

« On paye pour nos cours et pour vivre à Toronto, ça coûte cher. On s’endette. Est-ce que le Collège va nous rembourser? Ça nous dérange », a soutenu un autre.