Francophonie : de lents progrès pour les municipalités ontariennes

L'hôtel de ville d'Ottawa. Archives ONFR+

OTTAWA – Un an après les élections municipales ontariennes, l’heure est au premier bilan pour les francophones. Dans les trois grands foyers franco-ontariens, soit Ottawa, Toronto, et Sudbury, on souligne en tout cas une oreille plus attentive de la part des municipalités.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Le constat est le plus évident pour les 32 000 francophones de la Ville-Reine. Au maire unilingue anglophone et contesté, Rob Ford, a succédé le francophile John Tory. « Entre lui et ce qui se faisait au niveau de la francophonie sous l’ancien maire Rob Ford, c’est le jour et la nuit », confiait récemment en entrevue à #ONfr, Gilles Marchildon, le président sortant de l’Association des communautés francophones de l’Ontario (ACFO) de Toronto.

Interrogé par #ONfr, M. Tory marque d’ailleurs clairement sa différence avec son prédécesseur : « Ce n’est pas possible pour moi de parler au nom des autres maires, mais je crois que c’est un grand bénéfice pour les Canadiens d’avoir les deux langues officielles. Dans notre monde, c’est un grand bénéfice de parler les deux langues pour communiquer avec les autres citoyens et les autres pays. »

Principaux faits d’armes du premier magistrat en un an : la contribution à la remise sur pied du Comité français de la Ville de Toronto, un appui au projet de la Maison de la francophonie ou encore un discours de victoire électorale commençant dans la langue de Molière.

Du côté d’Ottawa, ville la plus peuplée de résidents franco-ontariens (125 000), les choses avancent lentement mais surement si l’on en croit l’ACFO locale : « Il y a un mieux pour ce second mandat de Jim Watson », fait part la directrice de l’organisme, Isabelle N. Miron. « Il est un francophile affirmé, toujours sensible aux francophones. »

En entrevue pour #ONfr, le maire Jim Watson, reconduit en octobre 2014, parle d’une relation « très positive » avec l’ACFO. « Nous nous rencontrons tous les trois ou quatre mois (…) Nous continuons à travailler avec eux pour améliorer les services en français, et l’offre récréative. »

Le bilan serait aussi un peu plus positif à Sudbury, où les plus de 40 000 Franco-Ontariens bénéficient comme à Ottawa d’une politique sur les services en français.

« Nous avons une meilleure ouverture avec le nouveau maire, Brian Bigger, élu en octobre dernier », affirmait récemment à #ONfr, la directrice de l’ACFO locale, Joanne Gervais. « À titre d’exemple, trois postes en communication ouverts récemment par la Ville avaient le bilinguisme comme critères d’embauche. »

 

Manques

Toujours est-il que ces meilleures relations ne riment pas forcément avec des avancées faramineuses pour les francophones. À Ottawa, les discussions pour la désignation bilingue de la Ville butent toujours sur le non catégorique de Jim Watson et d’une grande partie des conseillers municipaux.

« Il (M. Watson) hésite, et reçoit nos revendications sur la désignation bilingue avec une certaine retenue », explique Mme Miron. « Il y a vraiment des mythes à déboulonner sur ce projet, notamment le soi-disant coût que cela prendrait. »

Il y a fort à parier que Jim Watson ne changera pas son fusil d’épaule à moins de deux ans des célébrations du 150e anniversaire de la Confédération. C’est justement cette date, voire avant, que les francophones d’Ottawa, ont cochée en guise d’échéance au projet.

Plus au nord, à la Ville de Sudbury, le projet d’une désignation bilingue reste pour le moment reporté aux calendes grecques. « Nous focalisons beaucoup plus sur un plan stratégique visant plus à développer l’offre active en français qu’à promouvoir le bilinguisme », indique Mme Gervais.

Enfin à Toronto, la victoire de M. Tory a certes ouvert de nouvelles perspectives, mais les avancées tardent encore. La première réunion du Comité français de la Ville de Toronto n’a toujours pas eu lieu.

À la différence d’Ottawa et Sudbury, la traduction en français à la Ville de Toronto ne demeure pas régie par une politique de bilinguisme, et s’effectue toujours à titre de service comme les autres langues minoritaires.

À noter que l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO) n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue.