Erreurs dans le recensement : pas d’impact hors Québec

Crédit photo: Archives #ONfr

OTTAWA – La mise à jour de Statistique Canada, à la suite des erreurs constatées à la partie linguistique de son recensement de 2016, ne change pas le portrait de la situation des francophones à l’extérieur du Québec qui voient bel et bien leur poids diminuer.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« Les erreurs dans les données linguistiques qui ont été constatées la semaine dernière affectent principalement les résultats au Québec. Nous avons procédé à une revue exhaustive de tout le processus et avons confirmé qu’il n’y a aucune erreur dans les autres parties du recensement déjà publiées », a assuré le directeur général, Programme du recensement de la population, à Statistique Canada, Marc Hamel, le jeudi 17 août.

L’erreur, qui a été dévoilée le vendredi 11 août et qui concernait 61 000 personnes environ, serait due à une inversion de réponses entre la version française et la version anglaise du formulaire court du recensement. Elle aurait principalement touché le Québec, mais aussi 2 850 répondants à l’extérieur de la Belle Province, principalement en Ontario et au Nouveau-Brunswick dans les régions frontalières du Québec.

« Cela concerne principalement les personnes qui ont répondu avoir le français comme langue maternelle ou qui ont répondu parler le français », précise Jean-Pierre Corbeil, directeur adjoint, Programme du recensement de la population.

Le portrait linguistique reste le même

Malheureusement pour les francophones, la mise à jour ne change pas le constat établi par Statistique Canada et livré le 2 août à l’effet que le français continue de proportionnellement reculer au Canada, même s’il augmente en chiffres absolus.

« L’histoire ne change pas, ce sont les mêmes enjeux et les mêmes constats! », commente M. Corbeil.

« Mais le constat reste le même pour l’Ontario comme pour le Canada. Si on regarde Sudbury, il y a une baisse de francophones qui s’explique par une population vieillissante et une région qui attire peu d’immigration francophone », précise le statisticien.

Bastion francophone, la municipalité d’Hawkesbury, dans l’Est ontarien, voit elle aussi le poids et le nombre de ses francophones diminuer légèrement, quoi que moins qu’annoncé début août, avec 78 % de francophones de langue maternelle, contre 78,6 % en 2011. À Ottawa, le nombre de francophones de langue maternelle augmente de 2,7 %, mais leur poids dans la population diminue, de 15,8 % à 15,3 %. Le français à Toronto reste en progression, comme révélé lors de la première divulgation de la partie linguistique du recensement.

Au Canada, le français comme première langue officielle parlée subit bel et bien une diminution, de 22,7 % à 22,2 % de 2011 à 2016, mais moindre qu’annoncé initialement. En chiffres absolus, la croissance est légèrement plus forte que dans les premiers chiffres de Statistique Canada avec un gain de 197 870 personnes dont le français est la première langue officielle parlée à travers le pays.

La progression du bilinguisme au pays demeure réelle quoi que moins importante que prévue, passant de 17,5 % à 17,9 %, et non 18 % comme publié le 2 août. À l’extérieur du Québec, le bilinguisme français-anglais est passé de 9,7 % à 9,8 % entre 2011 et 2016.

Le gouvernement ontarien préoccupé

Lu gouvernement ontarien assure prendre la situation du français dans la province très au sérieux, a commenté la ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde pour #ONfr.

« C’est une inquiétude. Lorsqu’on entend que notre communauté diminue, ça vient valider la raison d’être d’avoir une cible de 5 % d’immigration francophone », a-t-elle expliqué, indiquant travailler en étroite collaboration avec Laura Albanese, la ministre des Affaires civiques et de l’Immigration de l’Ontario, à ce sujet. « On va travailler avec les municipalités, les ministères, avec le fédéral parce que l’immigration est encore plus importante et je sais que ma collègue Laura (Albanese) travaille très fort pour atteindre la cible de 5 %. »

Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin, rappelle que la confirmation de chiffres inquiétants pour l’Ontario français doit pousser les gouvernements provincial et fédéral à agir dans le domaine en suivant les pistes pour favoriser l’immigration francophone qui ont été présentées en mars dernier dans un Livre blanc.

« On ne s’attendait pas à des miracles avec la mise à jour de Statistique Canada. Il faut maintenant des mesures concrètes! Cette erreur nous rappelle également l’importance d’avoir des données fiables. À ce titre, la province peut améliorer la situation en mettant en place l’identification de la langue dans la carte santé, comme nous le demandons. »