En Alberta, le changement « pragmatique » de Rachel Notley

La première ministre de l'Alberta, Rachel Notley. courtoisie

EDMONTON – Les incendies qui ravagent présentement Fort McMurray représentent un coup dur pour le gouvernement de Rachel Notley. Coïncidence : la première ministre célèbre le premier anniversaire de son élection à la tête de l’Alberta, ce jeudi 5 mai.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Si la date reste gravée, c’est surtout parce que Mme Notley a mis fin ce jour-là à 43 ans de règne sans partage des progressistes-conservateurs à l’Assemblée législative à Edmonton.

« Par rapport aux gouvernements précédents, on peut effectivement parler d’une fracture », analyse Fréderic Boily, professeur de sciences politiques à l’Université de l’Alberta. « On ne vit plus dans le même monde. »

Principal point d’orgue de ce renouveau : le changement climatique. « Mme Notley s’est démarquée par sa volonté de donner une bonne image de la province en terme d’environnement. On peut penser par exemple à sa volonté d’éliminer progressivement le recours à l’électricité générée par le charbon. »

Pour M. Boily, la rupture a été aussi nette au niveau de l’économie avec une gestion dorénavant « plus interventionniste ». Une référence directe au plan d’investissements de 34 milliards$ dévoilé l’an passé.

« Il y a quand même eu des critiques du fait que ce plan a fait augmenter le déficit à plus de 10 milliards$ en 2016-2017, mais il semble que le gouvernement parie sur une augmentation du baril de pétrole pour relancer l’économie, et l’activité des pipelines. »

Centre névralgique de l’économie albertaine, l’industrie pétrolière demeure un secteur sur lequel la première ministre néo-démocrate était attendue. Et son discours a sensiblement changé en un an, analyse le politologue.

« Elle est maintenant plus favorable au projet Énergie Est. On note une évolution dans son discours, et un certain pragmatisme. Cette différente approche est peut-être dû aux résultats des autres partis dans l’Ouest canadien, avec la victoire récente des conservateurs dans le Manitoba et en Saskatchewan. »

De là à créer un vent de sympathie pour les néo-démocrates? « La lune de miel est terminée. Les deux élections partielles récentes (Yellowhead et à Calgary-Greenway) ont montré un recul du parti. N’oublions pas que Mme Notley a aussi été élue car les gens voulaient un changement à la tête de l’Alberta. »

Francophonie

Rachel Notley n’a pas encore convaincu tous les Albertains, mais les francophones sont en tous cas charmés. « C’est le jour et la nuit », croît le président de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA), Jean Johnson. « Avant, c’était avant tout des belles promesses. Maintenant, on voit des engagements. »

Et parmi les engagements de la première ministre envers les plus de 80000 Franco-Albertains : la mise en place d’une politique sur les services en français en 2017, notamment sous l’impulsion de Ricardo Miranda, ministre de la Culture et du Tourisme et responsable des Affaires francophones.

Mme Notley a fait part de cette volonté aux membres de l’association, lors d’une rencontre le 30 mars dernier.

Jusqu’à maintenant, seules les provinces de la Colombie-Britannique et de l’Alberta ne possèdent pas une politique sur les services en français.

« Voilà un gouvernement qui a compris le message », conclut M. Johnson, satisfait.