Emplois : Hudak persiste et signe

Le complexe de recherche médicale MaRS, au centre-ville de Toronto.

 

TORONTO – Le chef progressiste-conservateur de l’Ontario n’a aucune intention de renier son plan pour créer 1 million d’emplois à moins de deux semaines des élections provinciales du 12 juin, même si des économistes y ont décelé une importante erreur de calcul.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

« Notre Plan pour 1 million d’emplois aidera les Ontariens dans toutes les régions de la province, y compris ceux ayant le plus de difficulté : les jeunes, les handicapés, les pauvres et les défavorisés », a déclaré M. Hudak lors d’un discours devant le Canadian Club de Toronto, le vendredi 30 mai.

Les progressistes-conservateurs auraient surestimé jusqu’à huit fois leurs projections de création d’emplois, selon plusieurs économistes qui ont étudié leur programme électoral.

La chef libérale Kathleen Wynne a sommé M. Hudak de trouver ne serait-ce qu’un expert indépendant qui corrobore ses chiffres, ou de revoir ses projections à la baisse.

« Je vais laisser les libéraux jouer à leur petit jeu », a répondu le chef progressiste-conservateur.

Loin de se rétracter, M. Hudak a, à son tour, accusé le gouvernement libéral sortant d’avoir « étouffé la création d’emplois et empêché les gens les plus vulnérables de notre société d’avoir leur juste chance de décrocher un emploi ».

De l’avis du chef progressiste-conservateur, les libéraux ont « mis en danger » les services de première ligne dont les plus vulnérables de l’Ontario ont besoin en embauchant trop de cadres intermédiaires dans la fonction publique et en gaspillant des milliards de dollars dans des scandales. D’où l’importance, selon lui, d’abolir 100 000 postes de fonctionnaires afin d’équilibrer le budget sur deux ans au lieu de quatre et, ainsi, relancer plus vite l’économie.

« Nous ne pouvons pas dire que nous avons vu une augmentation de la qualité de nos services proportionnelle au nombre d’embauches dans la fonction publique », a déclaré M. Hudak, dénonçant des « couches excessives de gras », entre autres, dans la gestion du programme Air Pur Ontario, de l’Ontario Power Autority (OPA) et des Réseaux locaux d’intégration des services de santé (RLISS).

M. Hudak a dit faire de la cause des plus vulnérables « une affaire personnelle », mais n’a pas voulu dire pourquoi, au juste. « N’allons pas là », a-t-il écarté, très ému, lors d’un point de presse après son discours devant le Canadian Club.

L’affaire MaRS

Les progressistes-conservateurs sont aussi revenus à la charge dans l’affaire MaRS, le 30 mai. Ils ont laissé entendre que la facture finale du renflouement de ce centre des sciences au centre-ville de Toronto pourrait avoisiner celle de l’annulation, en 2011, de deux projets de centrales électriques au gaz à des fins électoralistes, soit 1,1 milliard $.

« Le plan de sauvetage initial coûtera 317 millions $, mais des documents montrent des coûts supplémentaires de résiliation de bail, des coûts d’amortissement à long terme et des dépassements de coûts », a déclaré Victor Fedeli, député sortant de Nipissing et porte-parole du clan Hudak en matière de Finances.

Les libéraux de Kathleen Wynne auraient l’intention d’acheter un édifice du complexe des sciences MaRS, à Toronto, pour y loger des bureaux du gouvernement.  (Photo: François Pierre Dufault)
Les libéraux de Kathleen Wynne auraient l’intention d’acheter un édifice du complexe des sciences MaRS, à Toronto, pour y loger des bureaux du gouvernement.
(Photo : François Pierre Dufault)

La province serait tenue, selon M. Fedeli, de payer 106 millions $ de plus pour réaménager certains locaux dans l’édifice, et d’absorber un déficit d’exploitation de près de 46 millions $ sur quatre ans.

Le gouvernement sortant de Mme Wynne aurait, selon ses adversaires, négocié en catimini l’achat d’une tour à bureaux du complexe des sciences MaRS afin de renflouer cette entreprise privée qui a déjà reçu des octrois provinciaux de l’ordre de 234 millions $ et qui aurait à présent du mal à joindre les deux bouts.

Mme Wynne s’est défendue d’avoir agi dans la pénombre. L’acquisition d’un édifice du complexe MaRS doit permettre au gouvernement de consolider plusieurs de ses bureaux et, au final, de réaliser des économies d’échelle, selon la chef libérale.

« Au moins, cette fois, (les progressistes-conservateurs) n’ont pas multiplié par huit », s’est moqué le clan libéral, par le biais d’un communiqué.