Élections 2015 : Les jeunes francophones attendaient plus

OTTAWA – Malgré plusieurs promesses, les jeunes francophones hors Québec espéraient plus de la campagne électorale.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Soumis aux mêmes règles que beaucoup d’autres enjeux relégués en arrière-plan derrière l’économie, celui de la jeunesse n’a pas réussi à se tailler une place dans le débat entre les partis.

« Nous n’attendions pas grand-chose donc, nous ne sommes pas vraiment déçus. Les partis croient à tort que les jeunes ne votent pas, mais il y en a beaucoup qui s’intéressent à la politique », indique Alec Boudreau, président de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF).

Un constat que partage la coprésidente du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), Rym Ben Berrah : « Les enjeux de la jeunesse ont été assez absents des débats et de la place publique. C’est très décevant! On a vu quelques promesses dans les plateformes, mais pas vraiment de plans ni d’engagements concrets. Pourtant, les étudiants sont conscientisés et ils votent ».

De passage à Hamilton, mercredi 14 octobre 2015, le Parti libéral s’est fendu d’une déclaration insistant sur le fait que son plan prévoit aussi des investissements pour les jeunes. En y regardant de plus près, chaque plateforme contient quelques promesses pour les jeunes.

« Nous aurions aimé que l’on parle plus de nous, mais nous sommes toutefois contents de voir que certaines de nos demandes ont fait du chemin et qu’il y a quelques idées intéressantes dans les plateformes. Je pense notamment au droit de vote à 16 ans, cité par le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti vert, l’idée des libéraux de mettre en place un conseil consultatif jeunesse du premier ministre ou encore, celle des conservateurs de baisser la contribution parentale attendue de l’évaluation du Programme canadien de prêts aux étudiants », remarque M. Boudreau.

La FJCF, qui représente les jeunes canadiens-français de 14 à 25 ans, pense que le droit de vote à 16 ans pourrait contribuer à intéresser les jeunes à la politique.

« La politique affecte les jeunes et à 16 ans, ils sont largement capables de se faire une opinion. Quand les enjeux nous concernent, on veut avoir une voix pour se faire entendre! », plaide M. Boudreau.

C’est la raison pour laquelle la FJCF demande également des engagements clairs pour une économie plus verte, considérant que les jeunes d’aujourd’hui seront les adultes qui vivront les conséquences du réchauffement climatique. En tant que Canadien-français de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, il apparaît tout aussi évident à M. Boudreau que le respect de la Loi sur les langues officielles est une priorité.

« Comment demander à un jeune de parler le français et d’en être fier quand, dans le même temps, il voit que, dans la société, sa langue n’est pas toujours respectée ni les services offerts malgré une loi sensée s’en assurer?, s’interroge-t-il. Ça prend encore plus de volonté pour un jeune de demander des services en français ou de parler sa langue si elle est invisible hors de l’école ».

Prudente, la FJCF suit la même voie que la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada et ne donne aucune consigne de vote à ses membres en âge de voter.

« Nous sommes prêts à travailler avec tous les partis et quelque-soit celui qui gagne, nous l’encouragerons à mettre en place un conseil consultatif jeunesse, comme proposé par le Parti libéral, car nous pensons que cela peut nous permettre d’être écoutés ».