Écoles : un gel du financement inquiète

Archives, #ONfr.

TORONTO – Un gel du financement aux écoles de l’Ontario pour la prochaine année soulève, chez les plus petits conseils scolaires de la province, la crainte de compressions.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Bien que Queen’s Park parle d’un financement « stable » de 22,5 milliards $ pour la prochaine année « afin d’assurer un investissement solide et cohérent dans le système d’éducation financé par les fonds publics », le milieu de l’éducation, lui, y voit le signal qu’il faudra mettre la clé sous la porte de certaines écoles ou encore, couper certains services. C’est la première fois depuis plus d’une décennie que le financement des écoles ne suit pas le rythme de l’inflation.

Et aussi, la province demande à ses 60 conseils scolaires anglophones et ses 12 conseils scolaires francophones de faire l’examen de leurs espaces « sous-utilisés ».

« Je pense que tout le monde doit faire sa part pour que nous investissions dans nos enfants », a laissé tomber Liz Sandals, ministre de l’Éducation, à sa sortie de la période de questions à Queen’s Park, le jeudi 26 mars. « Ça veut dire que chaque conseil scolaire doit agir de manière responsable pour s’assurer que nous investissons dans les enfants dans nos écoles. Nous ne pouvons pas nous permettre, en tant que province, d’investir dans des chaises vides. »

Mme Sandals a fait valoir que depuis 2003, le financement des écoles ontariennes a augmenté de 8,1 milliards $, soit 56%, malgré une baisse constante du nombre d’inscriptions. L’infrastructure scolaire a obtenu, pour sa part, près de 13 milliards $ pour des nouvelles écoles ou des rénovations d’écoles existantes.

Changement de cap

Sur les banquettes de l’opposition à Queen’s Park, on dénonce un changement de cap d’un gouvernement qui s’est toujours targué d’être très porté sur l’éducation.

« Chaque fois qu’on gèle les dépenses, dans le vrai monde, ça équivaut à une réduction du financement », a commenté le progressiste-conservateur John Yakabuski, à #ONfr. « Il y a des défis dans le secteur de l’éducation avec la réduction du nombre d’inscriptions. C’est vrai. Mais nous avons affaire à un gouvernement qui a toujours dit qu’il continuerait à financer tous les besoins du secteur de l’éducation. Et il a échoué à cet égard. »

« C’est clair que les libéraux coupent dans l’éducation », a pesté à son tour la chef néo-démocrate Andrea Horwath. « La réduction des effectifs scolaires n’est qu’une manœuvre de diversion. Qu’il y ait 22 élèves ou 20 élèves dans une classe, il doit quand même y avoir une salle de classe, un enseignant et toutes les autres ressources nécessaires. »

Dans l’attente d’un budget

Du côté des quatre conseils scolaires publics francophones, l’heure est à l’attente après le dévoilement de l’enveloppe de 22,5 milliards $. « Nous sommes soulagés du financement, mais on ne sait pas encore comment il va être redistribué. L’analyse est encore difficile », a partagé Denis Labelle, président de l’Association des conseils des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO), à #ONfr.

Le ton est, en revanche, beaucoup plus dubitatif dans les écoles catholiques francophones.

« La somme allouée fait planer quelques préoccupations notamment sur les espaces scolaires peu utilisés. Ça risque de nous obliger à prendre des décisions importantes », a fait valoir Benoit Mercier, directeur général de l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC). « Les besoins de réfection des écoles sont souvent importants, alors qu’en même temps, il y a une diminution des élèves dans le Nord ou encore l’Est ontarien. »

L’attente de confirmations budgétaires par Queen’s Park est d’autant plus pénible dans l’Est ontarien, où une demi-douzaine d’écoles catholiques de langue française ont fermé leurs portes au cours des derniers mois. « Il est beaucoup trop tôt pour offrir une réaction à ces annonces de subventions qui sont très générales », a souligné à cet égard Johanne Côté, du Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien (CSDCEO).