Dix ans et encore des défis pour l’AFO

OTTAWA – L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) souffle ses dix bougies en cette fin d’année. Le temps pour les principaux protagonistes de revenir sur la naissance de l’organisme, synonyme d’un changement de cap pour les Franco-Ontariens.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

En novembre 2005, l’Assemblée des communautés franco-ontariennes (ACFO) et la Direction de l’Entente Canada-communauté Ontario (DECCO) officialisaient leur fusion. Un mariage de raison qui donnait naissance à l’AFO dans sa forme que l’on connait aujourd’hui.

Dernier président de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) provinciale, Jean Poirier se souvient : « Il y avait de sérieux problèmes de fonds de financements et de conflits de personnes, des conflits internes, comme d’habitude dans la francophonie (…) Deux organismes chapeautaient la francophonie de l’Ontario, on en a donc profité pour enterrer la hache de guerre et recréer ce qui aurait dû être là depuis le début : un seul organisme. »

Pour l’ancien député provincial, les finances de l’organisme demeuraient à cette époque exsangues.

Si aujourd’hui, l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens a les reins solides financièrement, les débuts n’ont pas été une partie de plaisir. « C’était important d’avoir d’entrée une crédibilité et une visibilité, ce qui n’était pas facile », analyse pour #ONfr la première présidente, Mariette Carrier-Fraser (2006-2010).

Son successeur, Denis Vaillancourt, abonde dans le même sens : « Durant les premières années, Mme Carrier-Fraser a dû composer avec beaucoup de changements au niveau de l’équipe et du personnel, un gros conseil d’administration… Depuis ce temps-là, on a pu améliorer la stabilité de l’équipe au niveau du personnel. »

Entre 2007 et 2010, l’AFO avait été bousculée dans ses fondations, à la suite de problèmes de gestion du personnel, rapportés publiquement.

Toujours est-il que l’association a contribué à des avancées notables pour les francophones en dix ans : la mise en place du 25 septembre comme Journée des Franco-Ontariens (2010), la création des Entités de planification des services de santé en français (2010), ou encore l’indépendance du commissaire aux services en français (2013).

En revanche, l’organisme n’a pas pu empêcher la fermeture de plusieurs ACFO, comme à North Bay ou à Kirkland Lake. Un certain nombre de dossiers restent toujours en suspens : l’enchâssement des droits des francophones dans la Constitution canadienne, la création d’une université franco-ontarienne, ou encore le statut de membre de l’Ontario à l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).

Inclusion

Pour autant, l’AFO devrait en premier lieu peaufiner sa stratégie inclusive pour les prochaines années. « Nous voulons aller chercher monsieur et madame tout le monde en Ontario », annonce M. Vaillancourt. Comprendre les francophiles ou encore les minorités visibles.

« En dix ans, il y a eu effectivement beaucoup d’amélioration au niveau de la consultation », laisse entendre à #ONfr, Eddy Lukuna, le président de l’Union Provinciale des Minorités Raciales Ethnoculturelles Francophone de l’Ontario (UP-MREF). « Avant, nous étions considérés comme un secteur, maintenant l’AFO nous regarde comme une communauté. »

L’inclusion reste d’ailleurs l’objectif que l’AFO doit garder coûte que coûte, selon M. Poirier : « Il faut réussir à trouver la colle qui va assembler dans un ensemble toutes ces communautés-là pour que lorsque l’AFO va voir les élus, elle parle bien au nom des 611 500 Franco-Ontariens. »