Discrètement, le gouvernement renouvelle l’enveloppe pour le centre-sud-ouest

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TORONTO – Le gouvernement ontarien a renouvelé pour un an l’enveloppe dédiée à accroître l’offre de programmes postsecondaires en français dans les régions du centre et du sud-ouest de la province, a appris #ONfr. Pourtant, une stratégie à plus long terme s’impose, insiste le principal du Collège universitaire de Glendon, Donald Ipperciel, qui apporte un éclairage inédit sur la situation actuelle.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Sans tambour ni trompette, le gouvernement ontarien a décidé d’allonger quelques millions de plus pour plusieurs institutions postsecondaires qui offrent de nouveaux programmes en français dans une portion de la province. Au total, 5,5 millions de dollars sont accordés au Collège Glendon, à l’Université de Sudbury, au Collège Boréal et au collège La Cité pour continuer à accroître l’accès à des programmes postsecondaires de langue française, affirme le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle.

« Ces fonds permettront à ces établissements de mieux ancrer leur offre de programmes et ainsi mieux assurer leur viabilité », explique Tanya Blazina, une porte-parole du ministère.

L’annonce originale, datant de 2013, faisait état d’un investissement de 16,5 millions de dollars sur trois ans. Grâce à cette somme, l’offre de programmes et de cours en français a, sans conteste, augmenté dans la région visée.

Le problème? Plusieurs de ces programmes ne sont pas encore viables et leur survie est menacée, confirment de façon anonyme des intervenants de différentes institutions interpellées par #ONfr. Les fonds gouvernementaux devaient servir à la création de programmes, mais il faut maintenant des sommes additionnelles pour permettre la suite des opérations, disent-ils.

Glendon : il faudra plus, selon le principal

Donald Ipperciel, principal du Collège universitaire bilingue de Glendon, ne cache pas son inquiétude. « Les programmes mis en place dans les deux dernières années ne peuvent pas survivre sans un financement de base », a-t-il indiqué à #ONfr. « La somme allouée à Glendon servira à maintenir pour une année encore la livraison des cinq nouveaux programmes ayant été subventionnés par l’initiative », ajoute-t-il.

Depuis 2013, l’enveloppe du gouvernement a permis la naissance de baccalauréats en psychologie, en biologie, en communication et en affaires et études internationales, ainsi que d’un certificat en droit et pensée sociale.

Qu’arrivera-t-il dans un an lorsque les sommes seront épuisées? « Il n’y a pas, à ce jour, de plan du gouvernement ou de financement prévu pour la survie des cinq programmes », affirme M. Ipperciel.

De son côté, le gouvernement demeure silencieux publiquement sur ses intentions. « Aucune décision n’a encore été prise pour l’attribution de financement additionnel pour les années ultérieures », indique Mme Blazina, du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle.

Donald Ipperciel aimerait lancer plusieurs autres cours et programmes en français à Glendon. Mais l’incertitude actuelle l’en empêche. Il mise beaucoup d’espoir sur les conclusions du Conseil de planification pour une université de langue française qui sera présidé par Dyane Adam. « Nous espérons qu’une solution consensuelle en procédera », dit-il.

Un manque de respect pour les étudiants francophones, selon le NPD

La critique néo-démocrate en matière d’Affaires francophones, France Gélinas, croit aussi que la clé de l’énigme se trouve dans le Conseil de planification mené par Mme Adam. « Le groupe de Dyane Adam, son but est clair : c’est d’augmenter les programmes postsecondaires dans le centre et le sud-ouest. Il n’y a aura pas d’université francophone qui va sortir de ça, le mandat ne le permet pas », affirme-t-elle, prédisant beaucoup de déception à ceux qui rêvent à la naissance d’une telle institution franco-ontarienne.

Le gouvernement manque de respect envers les étudiants francophones, affirme-t-elle. « Actuellement, un étudiant qui suit un de ces nouveaux programmes ne sait même pas s’il pourra le terminer l’an prochain! On n’a pas d’argent à long-terme. Le gouvernement va dire qu’il manque d’étudiants dans ces programmes, mais comment voulez-vous faire du recrutement quand la survie du programme n’est pas garantie et qu’il n’y a pas de campus francophone », affirme Mme Gélinas.