Des services bilingues défaillants pour la Fête du Canada

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OTTAWA – Malgré le contexte exceptionnel du 150e anniversaire de la Confédération canadienne cette année, la Fête du Canada a été marquée par des manquements en matière d’offre de services dans les deux langues officielles, le 1er juillet dernier, a appris #ONfr.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Trois plaintes ont été déposées auprès du Commissariat aux langues officielles (CLO) du Canada. Sans en dévoiler les détails, respectant l’anonymat de la procédure, l’équipe de Ghislaine Saikaley explique que ces plaintes ont été jugées légitimes et qu’elles feront l’objet d’une enquête.

Les problèmes rencontrés concernaient le manque d’offre active dans les services au public lors de la Fête du Canada, le 1er juillet.

La ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, par la voix de son attaché de presse, Pierre-Olivier Herbert, s’est contentée d’une réponse laconique.

« Notre gouvernement a pour priorité de faire la promotion de nos langues officielles. Nous prenons ces plaintes très au sérieux et nous laissons la commissaire faire son travail. »

L’opposition n’est pas surprise

La critique aux langues officielles pour le Parti conservateur du Canada (PCC), Sylvie Boucher se dit extrêmement déçue de cette situation.

« C’est inimaginable que pour la Fête du Canada, à l’occasion de 150e anniversaire de la Confédération, on n’ait pas été capable d’offrir des services adéquats dans les deux langues officielles de notre pays. On prépare cet événement depuis des années! On ne devrait plus avoir ce genre de problèmes en 2017. »

« Ça devrait être automatique d’offrir des services dans les deux langues officielles du Canada! » – Sylvie Boucher

Son homologue pour le Nouveau Parti démocratique (NPD), François Choquette, ne se montre pas surpris.

« Dès le début des célébrations du 150e, cette année, nous avions vu à quel point le gouvernement faisait peu de cas du bilinguisme et des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Il y a un manque de connaissance et de sensibilité vis-à-vis des langues officielles. La Fête du Canada, l’année du 150e anniversaire de la Confédération canadienne, c’est pourtant un événement historique. Il est inacceptable qu’on n’ait pas offert les services au public correctement dans les deux langues officielles de notre pays. »

Pour M. Choquette, les trois plaintes ne sont que la pointe de l’iceberg.

« Ce sont souvent les gens les plus consciencieux qui portent plainte auprès du commissariat, mais combien au total n’ont pas pu recevoir les services en français et en anglais pour la Fête du Canada? Le gouvernement doit changer son attitude vis-à-vis des langues officielles. On l’a vu quand il a laissé le commissariat sans commissaire pendant quatre jours récemment, il y a un total manque de considération par rapport aux langues officielles. »

Le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Jean Johnson, appelle le gouvernement à agir.

« Je suis abasourdi! Qu’il y ait des manquements pour un tel événement montre que nous avons un sérieux problème. Le gouvernement doit faire appel à nous pour l’aider. Il doit s’appuyer sur notre expertise puisque après tout, ce sont nous qui recevons les services. Nous pouvons l’aider à éviter que ça ne se répète. »

Le problème récurrent de l’offre active

Les problèmes reliés à l’offre active ont été soulevés à de nombreuses reprises par le CLO ces dernières années.

Dans une étude publiée il y a un an, l’ancien commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser, dressait un portrait peu encourageant de l’offre active au sein des institutions fédérales et demandait au gouvernement d’agir.

Un an plus tard, le problème ne semble pas avoir été résolu, déplore M. Choquette.

« Dans la prochaine année, on va étudier une éventuelle révision de la Loi sur les langues officielles. Je pense que c’est une bonne occasion de revoir cet aspect et s’assurer que le concept d’offre active est défini clairement pour qu’il soit bien compris de tous. »

Pour M. Johnson, le premier ministre Justin Trudeau, aussi, a un rôle à jouer.

« Il doit s’engager publiquement à soutenir, bâtir et travailler avec les communautés de langue officielle et dire que c’est une priorité pour que toutes les institutions fédérales le comprennent et se mobilisent. Sinon, cela envoie le message que ce n’est plus une priorité. »