Des ponts entre les francophones du Témiskaming et le Québec

La ville de New Liskeard située dans la municipalité de Temiskaming Shores. Wikipedia

TEMISKAMING SHORES – Le district de Timiskaming et le Témiscamingue tentent de tisser des ponts. Depuis plusieurs années, les deux régions situées le long de la frontière entre l’Ontario et le Québec multiplient les échanges. Et la francophonie en profiterait, si l’on en croit le côté franco-ontarien.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

« On veut envoyer un message inclusif », avance Jean-Claude Carrière, agent de développement pour l’ACFO Région Témiskaming, organisme très impliqué dans le projet. « Bien qu’il y ait une frontière, il y a des points communs entre les anglophones, francophones et autochtones dans cette région. Nous partageons quelque part un pays. Il faut apprendre à se connaître. »

Et d’ajouter : « Il faut en finir avec les vieilles guéguerres contre les anglophones, et parvenir à développer de notre côté le réflexe de dire bonjour et hello. »

Alors que les deux territoires sont séparés par le Lac Témiscamingue, le partage serait aussi « agricole et forestier », dixit M. Carrière, sans oublier que les Québécois et Franco-Ontariens possède une langue commune par l’intermédiaire du français.

En avril dernier et pour la septième fois depuis 2011, 75 personnes se rencontraient ainsi à Temiskaming Shores pour « tisser des liens entre les communautés du Témiscamingue ». Une initiative incluant aussi des Premières Nations.

À raison de deux ou trois rencontres par an, les différents groupes de décision incluant l’ACFO régionale créent des passerelles au niveau de l’éducation, l’environnement ou encore le transport.

Du côté québécois, la municipalité régionale de Tesmiscamingue est partenaire du projet. « Cela permet de faciliter, les échanges », illustre son préfet Arnaud Warolin. « Dans les transports, on parle par exemple de permis pour faciliter la libre-circulation des marchandises. Autour du lac que nous partageons, avec l’Ontario, on parle d’harmoniser les lois sur l’environnement. »

Le tourisme serait d’ailleurs l’une des pierres angulaires de ce rapprochement après des balades organisées autour du lac.

« Il n’est pas normal qu’il soit plus facile de faire des partenariats avec la Chine ou le Brésil que l’Ontario », renchérit M. Warolin.

Le campus du Collège Boréal à Temiskaming Shores, veut lui aussi bâtir plus des liens avec des écoles de l’autre côté du lac. « Il est important d’unir nos forces du côté des deux communautés francophones autour du Lac Témiscamingue. On a des infrastructures qu’eux n’ont pas et vice-versa. Il s’agirait d’une répartition des profits », souligne à #ONfr la responsable de l’établissement, Isabelle Ouellet.

« Il s’agit pour l’instant de pourparlers et de rencontres, mais nous souhaiterions offrir des cours de formation continue en commun avec le Centre Frère-Moffet, situé à Ville-Marie, et faire de même avec un cours en tourisme au niveau du postsecondaire. C’est plus compliqué cependant pour le postsecondaire, car les cours ne sont pas faits sur-mesure comme pour la formation continue. »

Francophonie à Temiskaming Shores

Si l’ACFO Région Témiskaming dans le Nord de l’Ontario a fait de cette idée de « tisser des liens », l’un de ses projets phare, les défis de l’assimilation sont tout aussi grands dans cette région.

« Il y a toujours le risque de l’exogamie. Nos jeunes sont souvent francophones et ontariens à la fois. C’est une dynamique différente », fait part M. Carrière. « Nous devons lutter pour avoir plus de services au sein de la municipalité. »

Le drapeau franco-ontarien flotte bel et bien devant la municipalité de Temiskaming Shores depuis 2008 et plus de 30% des résidents se revendiquent de langue maternelle française. Pourtant, la municipalité reste majoritairement anglophone, et les services en français sont limités.

« Ce n’est pas évident. Par exemple, nous (l’ACFO) avions traduit le site web en 2010, mais celui-ci a été rénové, et la traduction est maintenant du google translate. Par contre, les comités aux arts et aux ainés bénéficient maintenant d’une partie francophone. »