Des millions comme solution pour contrer le chômage des jeunes

Reza Moridi, le ministre de la Formation et des Collèges et Université.

TORONTO – Le gouvernement ontarien débloque des centaines de millions de dollars pour aider les jeunes de 15 à 29 ans qui sont confrontés à des obstacles pour trouver ou conserver un emploi. Si l’argent pleut, il ne s’agit que d’un premier pas dans la longue marche vers l’employabilité de cette clientèle précaire, selon certains intervenants francophones.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Dans le centre-ville de Toronto jusqu’à 20% des jeunes sont sans emploi, rapporte Angela Draskovic, présidente de Yonge Street Mission. « C’est une crise majeure pour cette génération », selon celle qui mène cet organisme venant en aide aux personnes vivant dans la pauvreté.

Le gouvernement dit vouloir venir en aide à ces jeunes, mais aussi aux autres dans des situations similaires ailleurs dans la province. Un nouveau programme d’accès à l’emploi dédié à cette clientèle bien particulière a ainsi été annoncé mercredi 2 septembre. Il s’adresse aux jeunes des minorités visibles, de la communauté LGBTQ, des premières nations, aux personnes avec un handicap ou un trouble de santé mentale et aux immigrants récents.

« Grâce à ce programme et à notre stratégie d’emploi pour les jeunes renouvelée, nous veillons à ce que l’économie ontarienne bénéficie des compétences et du talent de tous les jeunes de la province », selon Reza Moridi, ministre de la Formation et des Collègues et Universités de l’Ontario.

Les jeunes admissibles recevront un minimum de 60 heures de formation rémunérée à des fins de préparation à l’emploi, du mentorat, de l’encadrement. Du jumelage travailleur-emploi et des stages de travail rémunérés d’une durée maximale de six mois, assortis de soutiens et d’incitatifs à l’embauche destinés aux employeurs est aussi prévu, tout comme du mentorat. Une enveloppe de 160 millions $ sur deux ans est débloquée pour mettre en place ces mesures.

Léonie Tchatat, directrice générale de La Passerelle-IDE qui vient en aide aux néo-Torontois francophones à la recherche d’un emploi, croit que la problématique du chômage chez cette clientèle est bien complexe.

« C’est bien beau de former les jeunes et d’offrir du mentorat, mais il faut des employeurs qui sont prêts à leur offrir des postes. Il y a souvent une méconnaissance du potentiel humain. Les employeurs ne voient pas toujours pourquoi il est important d’engager des immigrants. Il y a souvent aussi la problématique du racisme », affirme-t-elle.

Si elle croit que beaucoup de travail reste à faire pour lutter contre la pauvreté chez les groupes précaires de la société, elle estime que le programme annoncé est un pas dans la bonne direction.

« Cela démontre qu’on veut lutter contre la pauvreté chez les jeunes. Chez nous, 80% de nos clients viennent de pays en voie de développement et plusieurs sont des jeunes. En arrivant ici, il vivent des problèmes de pauvreté majeur. Ils n’ont pas de réseau pour décrocher un emploi », rappelle Mme Tchatat.

 

Organismes francophones

Plusieurs organismes francophones devraient bénéficier des sommes nouvelles accordées par le gouvernement pour lutter contre le chômage chez les jeunes. Cinq des points de services du Collège Boréal sont au nombre des bénéficiaires, confirme Lise Béland, directrice des services à l’emploi.

« Les jeunes visés par ce programme ont souvent un manque d’estime de soi, ils ont besoin d’être outillés. Ils ont besoin de service de pré-emploi et d’être entouré par des gens qui croient en eux », selon elle.

Elle croit aussi que l’employeur a néanmoins une part de responsabilité dans le succès professionnel des jeunes précaires.

« Souvent il y a un manque de compréhension de la part des employeurs et on ne comprend pas l’historique de ces personnes. Ils ne comprennent pas ce que cette clientèle vit », dit Mme Béland.

Les nouvelles sommes octroyées par le gouvernement permettront d’offrir des services bonifiés dans les points de service de Kapuskasing, de Timmins, de Noëlville/North Bay, de London et d’Hamilton.

« L’aide que ces jeunes vont recevoir est un bon point de départ. Ensuite, ils vont peut-être retourner aux études. On est une étape importante qui permet à la personne de constater son vrai potentiel », dit la directrice des services à l’emploi du Collège Boréal.

Un deuxième volet du programme offre aussi des possibilités d’emplois d’été et d’emplois à temps partiel après l’école aux élèves du secondaire de 15 à 18 ans qui sont dans une situation où ils ont besoin d’aide pour la transition entre l’école et le marché du travail.