L’anglais obligatoire dès la maternelle pour un conseil scolaire francophone

Des élèves qui se dirigent vers l'école

L’ORIGNAL – L’embarras flotte dans la communauté francophone après la décision du Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien (CSDCEO) de rendre obligatoire l’anglais dès la maternelle dans quatre de ses établissements. 

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

L’institution scolaire desservant 10 000 élèves francophones affirme que ces cours commenceront dès septembre 2015 dans les écoles élémentaires catholiques de Hawkesbury, L’Orignal, Saint-Eugène et Vankleek Hill. Le tout dans le cadre de son Programme international de langues.

« Le programme s’étendra pour l’ensemble des élèves de la maternelle à la sixième année », explique à #ONfr, France Lamarche, surintendante à l’éducation pour le CSDCEO. « Pour les élèves de maternelle, il s’agira d’une initiation sous forme de chants et de comptines. À partir de la première année, on parle davantage de communication orale ou encore de lecture. »

Le conseil scolaire modifie dès lors la règle tacite voulant qu’un élève commence l’anglais en quatrième année.

« C’est effectivement une première pour nos conseils scolaires », concède Benoit Mercier, directeur général de l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC), laquelle chapeaute les huit institutions scolaires catholiques dans la province.

« Il n’y aura pas un nombres d’heures définies à l’avance », précise Mme Lamarche. « Ça sera échelonné au fur et à mesures des niveaux de classe, et suivant les attentes des élèves. »

 

ACFO partagée

Risque d’assimilation ou ouverture aux autres langues? Les membres de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) de Prescott-Russell ne seraient pas « parvenus à s’entendre » sur la position à adopter au regard de l’initiative du CSDCEO. C’est du moins ce que rapporte à #ONfr la présidente de l’association, Tina Desabrais.

Deux membres du conseil d’administration de l’ACFO travailleraient aussi pour le conseil scolaire francophone.

« À titre uniquement personnel, je suis quand même assez ennuyée. Je ne vois pas la nécessité de mettre des cours d’anglais dès la maternelle », soutient Mme Desabrais. « Ce n’est pas le bon message envoyé surtout dans un contexte l’immigration anglophone reste plus élevée que l’immigration francophone dans la circonscription de Glengarry-Prescott-Russell (GPR). »

Un argument balayé par le CSDCEO : « Nous répondons à une demande des parents. Dans cette région, les enfants sont très francophones. Nous voulons juste répondre aux besoins. »

Au recensement de 2011, la Ville d’Hawkesbury comptait 79,8% de résidents possédant le français comme première langue. Un chiffre certes très honorable pour l’Ontario mais en baisse en comparaison des 83,4% affichés en 1996. Une tendance négative également présente dans tout l’Est Ontarien.

 

Expérience à Cornwall

Reste que le Programme international de langues du CSDCEO ne se limitera pas à la région de Hawkesbury. Un autre volet semblable sera aussi mis sur pied en septembre, mais dans la région de Cornwall cette fois-ci.

Il s’agira d’offrir des « cours de français accélérés » au stade de la maternelle dans trois écoles francophones. « C’est une façon de mettre d’entrée les élèves à niveau », explique Mme Lamarche.

Les données de Statistique Canada sont pour le moins éloquentes : de 1996 à 2011, la population francophone de Cornwall a dégringolé de 28,7% lors du recensement à 22,6 %.

Toujours dans le cadre de ce Programme international, le CSDCEO précise que l’espagnol sera aussi donné en cours mais de manière optionnelle. Et ce en dehors des heures d’école. Ces différents programmes seront sanctionnés par un certificat de bilinguisme dès la sixième année.

« Nous n’avons pas encore la volonté d’étendre ce Programme dans les autres écoles de notre réseau », souligne Mme Lamarche.

L’institution éducative de l’Est ontarien compte un total de 33 établissements sur son territoire, dont huit sont directement des écoles élémentaires.

Jointe par #ONfr, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a laissé savoir qu’elle préférait attendre « d’avoir tous les éléments » pour se prononcer.