Débat francophone : des échanges musclés mais peu d’engagements

La libérale Madeleine Meilleur, le néo-démocrate Gilles Bisson et le progressiste-conservateur Martin Forget ont pris part à un débat électoral en français, le 27 mai.

TORONTO – Des candidats francophones des trois principaux partis politiques de l’Ontario se sont livrés des échanges musclés, mais dont on dégage peu d’engagements concrets à l’égard de la minorité linguistique de la province, le mardi 27 mai.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Les thèmes de l’intégrité et de l’emploi ont pris le dessus sur la santé et l’éducation en français, lors de ce deuxième débat électoral francophone de l’histoire de l’Ontario, coproduit par le Groupe Média TFO et la Société Radio-Canada.

Dès les premières minutes, le progressistes-conservateur Martin Forget et le néo-démocrate Gilles Bisson ont tiré à boulets rouges sur la libérale Madeleine Meilleur, accusant son gouvernement au pouvoir depuis 11 ans d’être à court d’idées et corrompu.

« La réalité, (…) c’est que ce n’est pas rien qu’un scandale, ce n’est pas rien que deux scandales, c’est une multitude de scandales. (Les libéraux) ont dépensé des milliards de dollars, inutilement », a dénoncé M. Bisson, qui est député sortant de Timmins–Baie James, dans le nord-est de l’Ontario.

Scandales

Mme Meilleur a tenté, tant bien que mal, de mettre de côté le scandale de l’annulation de deux projets de centrales électriques au gaz à des fins politiques peu avant les dernières élections, dont la facture s’élève à plus de 1 milliard $.

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« Est-ce que ça a été la bonne décision? Bien, (la chef libérale Kathleen Wynne) s’est excusée auprès des citoyens. Et elle a mis en place des mesures pour éviter que ça se reproduise », a fait savoir Mme Meilleur face à ses deux adversaires qui réclamaient à l’unisson une commission d’enquête.

MM. Bisson et Forget se sont aussi crêpés le chignon entre eux.

Le porte-parole d’Andrea Horwath a mis sous le nez de son adversaire progressiste-conservateur que les compressions dans la mire de son parti se traduiraient par la mise à pied de 934 employés de l’État dans sa propre circonscription.

« Votre plan ne fait pas de bon sens. Pourquoi allez-vous plus à droite quand c’est le temps d’être raisonnable », a balancé M. Bisson à son rival progressiste-conservateur. « Vous n’êtes pas un parti progressiste, vous êtes un parti réactionnaire », a-t-il renchéri, comparant la formation de Tim Hudak au Front national, le parti d’extrême droite français de Jean-Marie et Marine Le Pen.

Lors d’un point de presse, après le débat, M. Forget a précisé que les compressions qu’entrevoient les troupes de M. Hudak se feraient « par attrition, seulement ».

Le Parti progressiste-conservateur promet, par ailleurs, 1 million de nouveaux emplois sur huit ans dans le secteur privé.

« Ce que vous voulez faire, c’est appliquer pour une nouvelle carte de crédit pour payer vos autres dettes », a fustigé M. Forget à ses deux adversaires. « La francophonie va vivre, va s’épanouir du moment qu’on a de l’argent dans les coffres », a ajouté le candidat de Tim Hudak, qui brigue les suffrages pour la première fois dans Ottawa-Vanier, contre Mme Meilleur.

Enjeux francophones

Les trois candidats ont convenu qu’il fallait améliorer l’accès aux études postsecondaires en français dans le centre et le sud-ouest de l’Ontario, une région largement sous-desservie par rapport aux autres, sans toutefois prendre d’engagements précis dans cette direction.

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Fait intéressant : M. Forget s’est engagé à ne pas toucher à l’hôpital Montfort, à Ottawa. « Montfort est là pour rester », a-t-il dit à propos du seul hôpital franco-ontarien, jadis menacé de fermeture par les progressistes-conservateurs de Mike Harris.

Répondant à une question citoyenne, les trois candidats se sont aussi entendus pour dire que l’Ontario doit mieux intégrer et reconnaître les compétences de ses nouveaux arrivants. « Pourquoi il y a encore des médecins qui chauffent le taxi? », a demandé M. Bisson, accusant les libéraux de se traîner les pieds. Mais encore là, aucun des trois politiciens ne s’est avancé sur une solution concrète.

Les Ontariens se rendront aux urnes, le 12 juin.