Débat en français : la FCFA prépare deux plaintes

L'ombudsman de Radio-Canada a tranché quant aux plaintes sur le débat électoral en français du 24 septembre.

OTTAWA – Quelques jours après la tenue du premier débat des chefs en français de la campagne électorale fédérale, le 24 septembre, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada ne compte pas laisser retomber la poussière.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet 

« Ils n’ont pas parlé de nous, mais ils vont entendre parler de nous », avait promis la FCFA sur son compte Twitter, quelques minutes après la fin du premier débat en français. L’organisme qui représente les francophones hors Québec a donc décidé de passer à l’action. La FCFA prépare deux plaintes contre la Société Radio-Canada (SRC), membre du consortium qui organisait le débat, pour ne pas avoir, selon elle, respecté son mandat de « refléter la globalité canadienne et rendre compte de la diversité régionale du pays, tant au plan national qu’au niveau régional, tout en répondant aux besoins particuliers des régions ».

Une plainte sera donc déposée auprès du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) et une autre auprès de l’ombudsman de Radio-Canada, a confirmé l’organisme.

« Nous voulons alerter le CRTC pour qu’il puisse questionner la SRC lors de son renouvellement de mandat et nous assurer également que l’ombudsman se penchera sur cette question », explique la présidente de la FCFA, Sylviane Lanthier.

 

« Nous comptons »

Très active pour défendre la SRC ces dernières années, la FCFA ne regrette pas ce soutien mais précise : « nous soutenons le mandat de la SRC et reconnaissons qu’elle joue son rôle au niveau régional, mais au niveau national, il y a un réel problème depuis longtemps qui frustre nos communautés. La SRC ne joue pas son rôle à ce niveau-là! ».

Le succès du mot clic #Nouscomptons sur Twitter et dans les médias sociaux, lors de la soirée du débat, réjouit la FCFA qui y voit le signe d’un mouvement citoyen naissant.

« Cela prouve que ce ne sont pas seulement quelques personnes ou organismes comme le nôtre qui ne sont pas satisfaits, mais un ensemble de citoyens qui n’acceptent plus de ne pas être considérés. Il y a une volonté de reconnaissance sur la place publique. Nous ne demandons pas que toutes les questions soient centrées sur nous, mais d’être au moins intégrés au débat en parlant des réalités spécifiques de chez nous », poursuit Mme Lanthier.

Si la présidente de la FCFA blâme la société d’état pour ne pas avoir prévu de questions relatives aux communautés francophones en situation minoritaire, elle reconnaît que les candidats aussi auraient pu les intégrer dans leurs réponses.

L’organisme représentant des francophones hors Québec réfléchit également à déposer une troisième plainte auprès du Commissariat aux langues officielles. En attendant, Mme Lanthier invite les citoyens à poursuivre le mouvement en déposant eux-mêmes une plainte au CRTC.

 

La SRC satisfaite du débat

La SRC a tenté de calmer le jeu par la voix de son directeur général de l’information, Michel Cormier.

« Nous comprenons que les francophones hors Québec ne sont pas heureux du déroulement de ce débat, mais nous l’avons orienté en essayant de représenter au mieux l’intérêt général. Les thèmes et les questions qui ont été abordés concernaient tous les Canadiens à travers le pays. Quand on parle d’économie, d’environnement ou de santé, on parle à tous les Canadiens d’expression française. Nous avons voulu être inclusifs sans faire d’exception pour une catégorie de citoyens, mais nous ne pouvions contrôler les candidats lorsqu’ils ramenaient leurs réponses sur un terrain plus québécois », défend M. Cormier.

Le directeur général de l’information assure que la formule l’a satisfait, tout comme la couverture de la campagne électorale par la SRC.

« Notre couverture ne se limite pas à ce seul débat et nous sommes loin de négliger les francophones hors Québec. Tout le monde a le droit de se plaindre et nous tirerons les conclusions qui s’imposent si l’ombudsman donne raison à la FCFA ».