CLO : le processus de nomination est relancé

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OTTAWA – Un mois et demi après la nomination avortée de Madeleine Meilleur, le nouveau commissaire aux langues officielles du Canada se fait toujours attendre. Le gouvernement a annoncé, vendredi 28 juillet, le lancement d’un nouveau processus de nomination.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Selon le bureau de la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, il s’agira de trouver le successeur de Graham Fraser « le plus rapidement possible ». Les premières entrevues devraient commencer dès le 12 septembre, assure-t-on dans l’entourage de Mme Joly. Le but serait une nomination avant la fin du mandat en décembre de la commissaire par intérim, Ghislaine Saikaley.

À la différence du processus du printemps, le gouvernement élargit cette fois-ci son comité de sélection. Il sera composé de six représentants des différents ministères et cabinet du premier ministre qui fera ainsi des recommandations à Mme Joly qui, donc, ne participera pas au processus d’entrevues.

Afin d’éviter les accusations de partisannerie de la nomination de Mme Meilleur, le gouvernement veut montrer son ouverture à l’opposition. « Les chefs des partis des deux chambres du Parlement sont invités à faire connaître la possibilité de nomination aux candidats potentiels, à formuler leur avis quant à la participation des intervenants et à faire mention des qualités que le comité de sélection doit prendre en compte; ces avis seront communiqués au comité de sélection. »

Une affirmation qui fait fulminer François Choquette. « On parle ici d’un simple avis, et non d’une consultation », laisse entendre le porte-parole néo-démocrate aux langues officielles. « J’aurais aimé que la Loi sur les langues officielles soit appliquée correctement et que les chefs soient consultés. »

Le porte-parole aux langues officielles pour le Nouveau Parti démocratique, François Choquette.

Le momentum de l’annonce n’est pas le meilleur pour l’élu de Drummond. « Elle (Mme Joly) s’attendait à ce que l’on soit au bord de la piscine, que l’on ne réagisse pas. En annonçant le processus en pleine période estivale, il y a une volonté des libéraux de profiter du creux de la vigilance des électeurs. »

Des avis grosso modo partagés par son homologue aux langues officielles pour le Parti conservateur (PC), Sylvie Boucher. « Nous voulons que les partis soient vraiment partie prenante au processus de nomination. La dernière fois, Mme Ambrose (ancienne chef par intérim du PC) n’a été consultée que très tardivement. Ce n’est pas souhaitable cette fois-ci. »

Le processus repart à zéro

Dans un échange de courriels avec #ONfr, Mme Joly se félicite de la nouvelle démarche. « Nos deux langues officielles sont au cœur de notre histoire et de notre identité (…) Le rôle du commissaire aux langues officielles est très important et nous sommes à la recherche de candidats avec les qualifications requises pour occuper un poste de cette importance. »

Le gouvernement sous-entend que le processus redémarre bel et bien à zéro, précisant que les candidats au poste, au printemps dernier, verront leurs « candidature réexaminées », à moins que les prétendants ne décident de la retirer.

Comme lors du premier processus, une agence de recrutement procédera à l’évaluation des candidats.

Les personnes intéressées par l’emploi peuvent présenter leur candidature en ligne.

La FCFA très dubitative

Joint par #ONfr, le président de la fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) est plutôt dubitatif. « Des questions sont toujours posées, et n’ont pas de réponses (dans le nouveau processus), notamment celle de la distance d’un agent parlementaire par rapport à la vie politique. Le chien de garde ne doit pas être un animal politique », décoche Jean Johnson.

Le leader de l’organisme porte-parole des francophones en contexte minoritaire regrette le manque de consultations des uns et des autres dans le procédé. « On ne demande pas à faire partie du processus de sélection, mais on aimerait avoir une conversation avec le gouvernement sur la nomination d’un agent parlementaire qui a trop d’expérience politique. »

Pour M. Choquette, un « système de pare-feu reste sous-estimé » par le gouvernement Trudeau. « Il manque une réflexion sur cette distance nécessaire entre les agents parlementaires et les partis politiques. »