Cinq enjeux pour les francophones à Red Lake

La présidente de l'Association francophone de Red Lake, Michele Alderton. Courtoisie

RED LAKE – Les francophones de Red Lake viennent tout juste d’obtenir une victoire. La Ville a approuvé leurs demandes de voir le drapeau franco-ontarien flotter. Reste que d’autres défis tout aussi précieux demeurent.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Relation avec la municipalité. L’Association francophone de Red Lake est satisfaite. Vendredi 22 avril, sa fondatrice, Michele Alderton, a rendu public la lettre officialisant le feu vert du conseil municipal pour que le drapeau soit déployé au parc du centenaire. Une levée qui sera effectuée durant tout le mois de septembre, généralement réservé aux célébrations de la francophonie.  Une petite victoire, même si l’association vise plus. « Nous aimerions développer l’idée de macarons portés par les employés municipaux démontrant qu’ils peuvent parler en français », explique Mme Alderton. « Nous voulons aussi développer cette idée dans les secteurs privés, comme les cliniques, les banques ou dans les entreprises locales. »

Démographie. D’après l’Association, il n’y aurait pas plus de 5% de francophones sur les quelque 4500 résidents de Red Lake. Une donnée faible si l’on compare aux autres villes du nord-ontarien, comme Sudbury (plus de 25%) ou encore Timmins (environ 40%). Mais pour la responsable du groupe, la situation évolue peu à peu. « Depuis la fondation de l’association en 2014, les gens ont commencé à se ressembler, à plus parler en français dans la ville. Bref, nous nous affirmons. » Il sera malgré tout difficile d’infléchir des données démographiques de Statistique Canada assez sombres. Par exemple, le taux de personnes parlant français sur un lieu de travail restait nul, au dernier recensement.

Immigration. À plus de cinq heures de route de Winnipeg et six de Thunder Bay, la situation géographique de Red Lake est pour le moins inédite. À l’extrême-ouest de l’Ontario, la ville est même sur le fuseau horaire du Manitoba. De là à décourager l’immigration? Pas tout à fait, estime Mme Alderton. « Beaucoup de jeunes quittent notre ville pour aller travailler à Toronto par exemple, mais sont tentés de revenir dans la trentaine. » D’après Statistique Canada, une vingtaine d’immigrants arriveraient chaque année à Red Lake. Et pour attirer les francophones, l’association aimerait voir la trousse d’accueil donnée par la Chambre de commerce du district de Red Lake, traduite en français. « Certains nouveaux arrivants francophones viennent du Québec, du Manitoba ou de Sudbury. On aimerait leur montrer aussi qu’ils ne sont pas isolés. »

Combler les emplois. La raison d’immigrer à Red Lake prend sa source probablement ici : ville minière par excellence, elle pourvoie un grand nombre d’emplois pour l’entreprise Goldcorp, l’exploitant de la mine d’or la plus importante au Canada. Si Red Lake dépend grandement du cours de l’or, mais aussi d’autres secteurs comme la foresterie, les emplois en français ne manquent pas dans l’enseignement, estime l’Association francophone de Red Lake. À cet égard, l’école catholique des Étoiles-du-Nord est le noyau accueillant de la communauté francophone de Red Lake. « Les écoles anglophones cherchent aussi toujours des enseignants en français de langue seconde. » Au dernier recensement de 2011, Red Lake possédait un taux de chômage de 4,8%. Un chiffre en-dessous de celui de la moyenne nationale.

Vitalité francophone. Faire vivre la francophonie, voilà le credo de l’association. Un mandat que se donnent certes beaucoup de groupes francophones en milieu minoritaire. En février dernier, le groupe a organisé une soirée placée sous le signe du patrimoine franco-ontarien, avec des danses traditionnelles, et de la musique. Sous l’impulsion de l’association, les rassemblements de ce type se multiplient. L’an passé, se déroulait le premier carnaval d’hiver bilingue. Pour l’Association francophone de Red Lake, le choix du bilinguisme lors des événements est un atout. « C’est sûr que l’on travaille avec la communauté anglophone pour promouvoir ce bilinguisme, et capter ainsi l’intérêt des anglophones sur la francophonie. Nous envisageons de développer des partenariats avec eux pour demander des subventions. »