Cinq enjeux pour la francophonie à Windsor

À Windsor, le français ne ponte qu'en quatrième position des langues parlées. Archives

WINDSOR – Les 5 000 francophones de Windsor doivent encore et toujours lutter pour assurer leur visibilité. Tour d’horizon des cinq enjeux majeurs pour cette communauté.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Centres francophones. L’année 2015 est particulièrement noire pour certains centres francophones. En témoigne le Club Alouette, menacé de mettre les clefs sous la porte, après avoir accumulé un déficit record de 268 000$. Une inquiétude qui s’ajoute à celle du centre communautaire francophone de Chatham, la Girouette, dont la fermeture en janvier 2016 semble dorénavant inéluctable. « C’est beaucoup de désarroi, et un enjeu immédiat », fait part à #ONfr le président de l’ACFO-Windsor-Essex-Chatham-Kent, Gérard Malo. « Il y a une certaine désaffection des membres conjuguée à une baisse des revenus de ces clubs. Dans le cadre du Club Alouette, le centre a perdu beaucoup avec l’arrêt de la vente d’alcool. »

Monument de la francophonie. Lancée en novembre dernier, l’idée de l’édification d’un monument de la francophonie à Windsor avance. L’ACFO profitera de la Journée des Franco-Ontariens, le 25 septembre, pour dévoiler les détails de la construction. Celle-ci s’apparentera à un monument « déjà existant » à Windsor, lequel sera délocalisé, et coiffé d’un drapeau franco-ontarien. L’inauguration finale est d’ores et déjà prévue pour le 25 septembre 2017. Le monument, qui s’ajouterait à la dizaine en place en Ontario, serait avant tout un lieu de « recueillement et de méditation » pour M. Malo. « Il servira à accroitre la visibilité de la communauté francophone, car la francophonie est invisible à Windsor. »

Rayonnement. Visibilité. Voilà le leitmotiv de M. Malo. Et le président ne compte pas se cantonner aux 5 000 résidents ayant le français comme langue maternelle. « Nous avons une forte population francophile que nous voulons aller chercher. » L’ACFO n’hésite pas à faire la promotion du drapeau vert et blanc dans les événements annuels plus anglophones, comme à la foire du livre, le BookFest, ou encore au Windsor International Film Festival. Autre façon d’attirer l’œil : la maison François Baby.  Après avoir longtemps accueilli le musée communautaire de Windsor, elle deviendra officiellement au mois décembre un musée consacré à la présence francophone dans la région.

Démographie. Les francophones de Windsor en danger? Les chiffres des derniers recensements de Statistique Canada ne sont pas très reluisants. Sur quinze ans, la proportion de francophones a chuté de 3,8% en 1996 à 2,6% en 2011. Une donnée qui place Windsor en dessous de la moyenne provinciale aux alentours de 4%. Le résultat n’effraye pourtant pas M. Malo. « Le nombre et la proportion de francophones sont secondaires. Ce qui compte, c’est d’offrir une plus-value à la communauté et que celle-ci soit visible (…) Ici, c’est beaucoup plus difficile de vivre en français qu’ailleurs. Nous manquons d’une masse critique importante comme c’est le cas à Ottawa ou à Toronto. C’est donc important de se tenir debout. »

Services en français. Si Windsor se situe bien dans la région du Comté d’Essex désignée en vertu de la Loi sur les services en français (Loi 8), les francophones tardent encore à utiliser cette offre. « Ils (les francophones) ne demandent pas assez, et c’est aussi valable au niveau fédéral », se désole M. Malo. À l’échelle municipale, la Ville n’offre aucune politique de services en français, bien que certains fonctionnaires soient bilingues. « On sent une ouverture à la francophonie de certains conseillers, mais il faut choisir ses batailles, et celle des services en français à la Ville n’est pour l’instant pas notre priorité. » Et les batailles sont peut-être actuellement ailleurs pour les politiciens de Windsor confrontés à une économie des plus moribondes. « On ne peut pas dire que ça ait affecté spécialement la francophonie », conclut le président.