Cinq enjeux pour la francophonie à Toronto

Des mesures seront-elles mises en place pour lutter contre le coût du logement en Ontario? Crédit image: Archives #ONfr

TORONTO – Alors que la Semaine de la Francophonie démarre dans la Ville-Reine, le vendredi 20 mars, petit tour d’horizon des cinq enjeux francophones majeurs qui attendent la métropole.

 SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Maison francophone. Les 55 000 francophones de Toronto pourraient trouver prochainement un toit commun. Le projet d’une Maison francophone reste en branle, mais l’ouverture tarde toujours. La Maison, vue par les partenaires, occuperait une superficie d’environ 80 000 pieds carrés. Celle-ci abriterait un collège francophone, des bureaux pour associations francophones et quelques entreprises commerciales. Les deux tiers du financement, estimé à 25 millions $, devraient venir d’un prêt hypothécaire. Le Collège Boréal a d’ores et déjà fait savoir son intention de prendre possession des lieux. « La Maison serait rentable, mais le défi premier reste en ce moment son lieu d’établissement », résume Gilles Marchildon, président de l’ACFO-Toronto.

Immigration. Avec un chiffre de 18 000 immigrants francophones installés à Toronto au cours des 15 dernières années, le défi s’agrandit pour accueillir les nouveaux arrivants. Sans compter que la décision probable et imminente de Queen’s Park de fixer un seuil d’immigration francophone de 5% à travers la province pourrait faciliter les choses. « La communauté tend à se diversifier certes, mais le taux de chômage demeure trois fois plus élevé pour les immigrants et nous oblige à mieux gérer leur intégration », affirme le responsable de l’ACFO-Toronto. Des pistes doivent être mises en place d’après lui pour mieux « outiller » les immigrants, notamment par une meilleure connaissance des centres de services.

Surcapacité des écoles. Le constat est aujourd’hui sans appel : les élèves francophones ont doublé depuis la création des conseils scolaires en 1998. À tel point qu’ils sont désormais 15 000 pour le Conseil scolaire de district catholique Centre-Sud (CSDCCS) et plus de 10 000 pour le Conseil public Viamonde. Les écoles aujourd’hui pullulent, non sans certains risques. « Elles ne répondent pas aux besoins, elles débordent », se désole M. Marchildon. Les revendications ne sont parfois pas sans heurts. Dernière bisbille en date : la volonté du CSDCCS d’obtenir une nouvelle école secondaire dans la région de Hamilton. Un projet accepté par le ministère de l’Éducation… à condition que le CSDCCS partage un nouvel établissement estimé à 700 élèves avec le conseil public Viamonde. Une solution inacceptable pour le conseil catholique qui menace de se rendre jusqu’à la Cour suprême.

Les arts francophones. Trouver les nouvelles pépites artistiques parmi les francophones : la mission reste encore ardue. « Beaucoup d’artistes francophones sont en concurrence avec d’autres anglophones. Du coup, on ne sait pas qu’ils sont des Franco-Torontois », fait valoir le président de l’ACFO-Toronto. La solution selon lui? Un programme spécifique au Conseil des Arts de Toronto pour promouvoir l’art francophone, éventuellement sous forme de subventions. En 2013, seulement 1% des allocations de l’organisme auraient été versées à des diffuseurs francophones. « Il y a une ouverture de la part des élus, note-t-il. Au cours d’un sondage mené avant les élections municipales, 71% des aspirants aux postes s’étaient déclarés en faveur de l’initiative. Nous attendons maintenant les réalisations. »

Comité français de la Ville. Si une première étape cruciale a été franchie, le 10 février, avec le retour officiel du groupe consultatif francophone dans l’administration de la Ville, d’autres décisions attendent toujours. D’abord la nomination probable à la fin du mois de l’ancien maire adjoint Norm Kelly à la barre du groupe. Petit bémol : ce dernier, à l’image de tous les nouveaux conseillers municipaux de Toronto, ne maîtrise pas vraiment la langue de Molière. Une différence dès lors notable avec son prédécesseur, Peter Milczyn, désormais élu à Queen’s Park sous la bannière libérale. « Le comité sert à conseiller la Ville pour mieux répondre aux besoins francophones », rappelle M. Marchildon.