Cinq enjeux pour la francophonie à Timmins

Le sommet de la FONOM se déroulera jusqu'à vendredi. Archives

TIMMIMS – Les défis s’accumulent pour les 15 000 francophones de la ville du nord de l’Ontario. Tour d’horizon des cinq enjeux majeurs pour cette communauté à forte présence francophone.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Projet d’un centre de santé. Le temps presse pour les francophones de l’endroit qui réclament toujours l’édification d’un centre de santé communautaire destiné à réunir sous le même toit des médecins, des travailleurs sociaux, et des diététiciens. Une étude pour valider le projet sera entreprise dès septembre par un groupe issu de la communauté francophone, et réunissant à la même table des joueurs comme lHôpital de Timmins et du District (HTD), le Collège Boréal ou encore le Réseau local d’intégration des services de santé (RLISS) du Nord-Est. Ce dernier qui n’est autre qu’une agence régionale de santé, directement sous le couvert de la province, n’a jamais donné son aval pour le projet, frustrant une partie de la communauté francophone.

Maison des jeunes. Pour Sylvin Lacroix, le directeur général l’Alliance de la francophonie de la ville (l’ACFO locale), le constat est sans appel : les jeunes de Timmins ne s’impliquent pas assez dans les activités francophones. Une conclusion qui s’étire selon lui jusqu’aux « 20-35 ans ». Pour y remédier, l’Alliance aimerait voir la construction d’une Maison des jeunes pour attirer les francophones du coin. « On se doit de leur offrir des choses intéressantes pour qu’ils (les jeunes) assurent la relève. » Autre souhait du responsable : le retour rapide du Forum jeunesse de Timmins supprimé des agendas en 2013. Se déroulant généralement au printemps, l’événement réunissait le temps d’une journée entre 60 et 80 francophones de 12 à 18 ans de la ville.

Immigration. L’enjeu est brûlant pour le nord de l’Ontario. Les francophones sont de plus en plus nombreux à quitter la région, sans que leur départ ne soit compensé par l’immigration. Au dernier recensement de Statistique Canada en 2011, Timmins perdait même quelques plumes, voyant sa proportion de francophones afficher 37,2% contre 38,3% en 1996. « Nous avons besoin de beaucoup d’ingénieurs à Timmins », souligne M. Lacroix. L’obstacle d’après lui, c’est que les immigrants francophones en Ontario choisissent principalement Toronto, et ne sont pas au courant des opportunités francophones dans le nord. « Citoyenneté et Immigration Canada doit faire sa part de travail et valoriser ce que nous avons à offrir en français. À la différence de beaucoup de régions en Ontario, les résidents francophones ici peuvent vivre complètement en français, et être servis dans cette langue facilement, même dans les commerces. »

Service en français à la Ville. Si la proportion de francophones est le double de celle d’Ottawa, le drapeau vert et blanc des Franco-Ontariens peine encore à gagner sa place intégrante à la Ville de Timmins. À la table du conseil, les échanges sont uniquement en anglais, du fait que le maire Steve Black et la moitié des conseillers ne maitrisent pas la langue de Molière. La Ville est malgré tout régie par une politique sur les services en français, et les enseignes unilingues anglophones tendent progressivement à être traduites dans les deux langues au moment de leur remplacement. « Nous pensons bien sûr au statut officiellement bilingue de la Ville, mais ça serait très difficile à mettre en place », analyse M. Lacroix. « Aux dernières élections, un candidat a proposé cette idée, mais il s’est très vite fait rabrouer. »

Moyens limités. « L’assimilation observable depuis plusieurs années », dixit M. Lacroix, doit être combattue en développant le sentiment d’appartenance à la francophonie. Le hic, c’est que les moyens financiers ne sont pas à la hauteur des espérances. Et M. Lacroix ne craint pas de dévoiler les montants exacts : « Il y a quelques années, le gouvernement fédéral octroyait annuellement 60 000$ à l’Alliance. Aujourd’hui, cette aide gouvernementale n’est plus que de 37 250$. D’une part, nous n’avons plus d’employés à temps plein, et par ailleurs cela limite considérablement nos initiatives. On s’en sort grâce à la générosité des bailleurs de fonds. » Et d’ajouter : « Ce n’est pas un problème interne à l’Alliance, car si nous manquons de moyens, c’est la francophonie locale qui en souffre. »