Chronologie Montfort : de la « Révolution du bons sens » à la victoire francophone

Le grand ralliement pour sauver l'hôpital, le 22 mars 1997. Crédit image: Hôpital Montfort

[MONTFORT, 20 ANS APRÈS]

OTTAWA – La crise de l’Hôpital Montfort représente l’un des événements-clés de l’Ontario français. Retour sur les cinq dates ou périodes marquantes pour l’établissement depuis 1997.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

24 février 1997. Le choc.

La surprise est de taille ce jour-là. La Commission de restructuration des services de santé de l’Ontario recommande la fermeture de l’Hôpital Montfort, alors seul  hôpital universitaire francophone en Ontario et dans tout le Canada à l’ouest du Québec. Ce souhait trouve directement sa source dans l’arrivée au pouvoir du gouvernement progressiste-conservateur de Mike Harris en 1995. Son but? La « Révolution du bon sens » avec notamment une baisse drastique des dépenses dans les services sociaux pour diminuer la dette de l’Ontario. Une opposition commence dès lors à se dessiner sous l’impulsion du président-directeur général Gérald Savoie, de la présidente du conseil d’administration Michelle de Courville Nicol et de l’ancienne mairesse de Vanier et présidente du mouvement SOS Montfort, Gisèle Lalonde.

22 mars 1997. La révolte.

Pour protester contre la fermeture de l’établissement, environ 10 000 personnes se donnent rendez-vous au Centre municipal d’Ottawa. Le succès est au rendez-vous. Devant une foule déchainée, Gisèle Lalonde appelle à la résistance. « Nous devons crier sans hésitation et sans peur qu’on ne touche pas à Montfort. Le Canada a les yeux rivés sur nous. Les Canadiennes et les Canadiens regardent aujourd’hui un peuple debout! ». « Montfort, fermé : Jamais! », répète la foule. Encore aujourd’hui, ce rassemblement symbolise le réveil du militantisme franco-ontarien.

Gracieuseté Hôpital Montfort

29 novembre 1999. Première victoire.

L’entente avec la Commission de restructuration ayant échoué, la résistance juridique s’organise rapidement. Du 14 au 18 juin 1999, la cause de l’Hôpital Montfort est entendue par trois juges de la Cour divisionnaire de l’Ontario. Devant une salle pleine, la cause est plaidée par Me Ronald Caza. Le 29 novembre, la décision est rendue : la Cour divisionnaire de l’Ontario se prononce en faveur de l’hôpital et conteste les directives de la Commission de restructuration des services de santé de l’Ontario. En d’autres mots, le jugement stipule que l’établissement doit rester ouvert.

7 décembre 2001. La confirmation.

Les Franco-Ontariens remportent une victoire juridique quasi-décisive. La Cour d’appel de l’Ontario confirme que l’hôpital jouit d’une protection constitutionnelle. Dans leur décision unanime, les juges Karen Weiler, Robert Sharpe et Paul Rivard laissent entendre que les minorités de langues officielles doivent être respectées et protégées en vertu des principes non écrits de la Constitution du Canada. Le 1er février 2002, le gouvernement de Mike Harris annonce enfin qu’il ne conteste pas devant la Cour suprême la décision juridique du 7 décembre. L’annonce en est faite dans les locaux de l’établissement par Tony Clement, ministre de la Santé de l’Ontario.

Gracieuseté Hôpital Montfort

Depuis 2002. Le souvenir.

Les anniversaires prennent une saveur particulière. Le 22 mars 2007, plus d’une centaine d’employés, de médecins et de francophones se rassemblent pour célébrer le dixième anniversaire du grand rassemblement. Pour le quinzième anniversaire, en 2012, une soirée de reconnaissance est organisée au Centre des arts Shenkman par la Fondation de l’hôpital. Trois médailles du 22 mars sont remises à Gisèle Lalonde, Michelle de Courville Nicol et le sénateur Jean-Robert Gauthier à titre posthume. La même année, le maire d’Ottawa Jim Watson proclame le 22 mars Journée de la solidarité franco-ontarienne. Des municipalités ontariennes représentées par le fait francophone imitent aussitôt l’initiative de la Ville d’Ottawa.

Tout au long de la semaine, #ONfr revient sur le vingtième anniversaire du grand ralliement de SOS Montfort. Pour en savoir plus : http://onfr.tfo.org/