Ces villes où les langues non officielles supplantent le français

À Windsor, le français ne ponte qu'en quatrième position des langues parlées. Archives

À quelques exceptions, l’anglais domine le français dans les villes de l’Ontario. Mais il arrive que la langue de Molière se retrouve derrière les langues non officielles du Canada.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Même si le français reste la seconde langue parlée en Ontario, cette situation de retrait par rapport à d’autres langues reste particulièrement observable dans le Centre-Sud-Ouest.

À Windsor, le français ne pointe qu’en quatrième position des langues parlées, derrière l’anglais, l’arabe et l’italien. D’après le recensement de Statistique Canada en 2011, 2,6% des résidents le possèdent comme langue maternelle. Un constat semblable à Hamilton où le français (1,3%) est devancé par l’italien, le polonais, et le portugais.

« On reste une minorité invisible », déplore Sébastien Skrobos, agent de développement pour l’ACFO Régionale-Hamilton. « La Ville est quand même bien consciente que ce n’est pas une langue d’immigration. »

À London, où le français se classe après l’espagnol, l’arabe et le polonais, le directeur général de l’ACFO London-Sarnia, Gaston N.K. Mabaya, se montre même plus tranchant. « Ceux qui parlent du français comme une langue parmi d’autres ne connaissent rien. C’est aussi simple. »

Dans le Grand Toronto, le phénomène est semblable. À Mississauga, Brampton ou encore Vaughan, le français ne fait pas le poids face aux langues parlées bien souvent par les nouveaux arrivants.

Terre d’immigration, Toronto ne compte même pas le français parmi ses dix langues les plus entendues au centre-ville. Moins de 35000 résidents de la Ville-Reine se revendiquent francophones de première langue.

Une donnée que Martin Normand, postdoctorant à la Chaire de recherche sur la francophonie et les politiques publiques de l’Université d’Ottawa, tend à nuancer : « Certains francophones sont oubliés par la définition de Statistique Canada. Dans les réseaux d’affaires de Toronto, il est quand même reconnu que le français a un rôle à jouer. »

Pour l’universitaire, il faut avant tout miser sur les réseaux d’affaires et présenter la communauté francophone comme « un apport économique », plus que sur une reconnaissance symbolique. C’est en tout cas la condition pour que le français ne soit pas noyé parmi d’autres langues.

Les référents symboliques à l’instar des drapeaux franco-ontariens ne manquent pourtant pas dans le Centre-Sud-Ouest, même si le faible poids démographique peut être un frein. À Oshawa, Vaughan, et même à la Municipalité régionale de Waterloo, les francophones luttent pour être assujettis à la Loi sur les services en français (Loi 8). Sans résultats pour le moment.

Dans le Nord

Ailleurs que dans les villes du Centre-Sud-Ouest, le français se positionne aisément comme la deuxième langue parlée, quand il n’est pas la première. C’est le cas à Hearst, Kapuskasing, Casselman ou Rockland.

Le Nord de l’Ontario est bien représenté, avec Timmins (37,3%), Sudbury (26,9%), North Bay (14,1%). Sault-Sainte-Marie, troisième ville du Nord, fait malgré tout exception, puisque les francophones (3,6%) sont relégués derrière l’italien (5%).

« Le réflexe de parler français se fait aussi plus traditionnellement dans ces villes », analyse M. Normand. « Dans le Centre-Sud-Ouest, certaines communautés linguistiques, autres que le français, sont implantées depuis très longtemps, comme à Kitchener où la communauté allemande est très représentée. »