Francophonie : à quand des engagements clairs, demande la FCFA

Dans le rapport annuel du commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser, déposé jeudi 19 mai, les plaintes relatives au service au public restent majoritaires. Archives

TORONTO – Après une quarantaine de jours de campagne électorale, les différents partis politiques n’ont toujours pas pris d’engagement concernant les problématiques des francophones en milieu minoritaire. Il est grand temps pour les chefs de prendre position sur ces enjeux, selon la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA).

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« Nous demandons aux trois principaux partis de nous dire comment ils comptent maintenir et améliorer la vie des quelque 2,6 millions de citoyens qui parlent le français (langue maternelle ou seconde) dans nos communautés », affirme la présidente de l’organisation, Sylviane Lanthier.

Les chefs du Parti libéral et du Nouveau Parti démocratique (NPD) ont confié lors de points de presse distincts être sensibles aux préoccupations des francophones lorsque questionnés par #ONfr. Il demeure qu’aucun engagement concret n’a été fait jusqu’à maintenant en matière de francophonie canadienne ou de bilinguisme.

« On veut qu’il y ait un peu de viande autour de l’os », lance Mme Lanthier. « Nous sommes conscients que nous sommes en compétition avec d’autres dossiers pour les partis. Il demeure que nos enjeux sont transversaux. On est partout au pays, nous sommes relativement nombreux et nous sommes importants pour le tissu social canadien. Nous sommes incontournables », ajoute-t-elle.

Sylviane Lanthier est étonnée d’entendre Justin Trudeau parler de l’unité nationale comme d’une priorité pour les francophones du pays. « À notre avis, ce n’est pas le débat le plus urgent. On pense plutôt aux organismes francophones qui manquent de ressources, aux médias francophones en situation de précarité, à l’érosion de la capacité des institutions fédérales à s’acquitter de leurs obligations linguistiques ou à la Loi sur les langues officielles qui doit être mise en application de manière plus sévère », dit-elle.

Elle rappelle également les défis en matière d’immigration francophone. La FCFA réclame une meilleure implication du gouvernement fédéral en cette matière. À savoir atteindre la cible de 4,4% fixée en 2003, laquelle permettrait un meilleur épanouissement de la communauté francophone. Cette proportion est actuellement en dessous de la barre des 2%.

Faire la différence?

Les francophones qui vivent un peu partout au pays font face à de nombreux défis. Comment expliquer que les partis politiques demeurent silencieux sur des questions aussi importantes que l’assimilation des jeunes, les problèmes en matière d’immigration et les droits linguistiques bafoués? Les partis devraient aborder ces questions de front sachant que le vote francophone peut avoir un impact sur le résultat de l’élection, affirme la présidente de la FCFA.

« Il y a 40 circonscriptions hors-Québec où le vote francophone peut faire une différence », affirme-t-elle, en entrevue avec #ONfr. « Cependant, un parti politique ne devrait pas seulement faire un calcul électoral, il devrait aussi se demander quel type de pays il veut construire. Au Canada, il y a une présence historique de francophones et une dualité linguistique, ce qui contribue grandement au développement du Canada comme société », souligne Mme Lanthier.

La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada espère que des promesses bien explicitées seront prises d’ici les prochains jours, afin que les citoyens puissent explorer les différentes options qui s’offrent à eux.