Budget : rien de concret pour les francophones

Le ministre des Finances, Charles Sousa, flanqué à sa gauche de sa collègue Madeleine Meilleur, le 29 janvier à Ottawa.

 

TORONTO – Du neuf avec du vieux : le dépôt 2015 du budget provincial, jeudi 23 avril, n’a guère fait la part belle à la francophonie, privilégiant le réchauffé à des annonces concrètes.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Unique thème dans le volumineux document pour les francophones : l’enveloppe de 5,9 millions $ consacrée au 400e anniversaire de la présence en Ontario. Une somme « pour soutenir l’organisation d’une grande variété d’initiatives », peut-on lire dans le document.

Le montant renvoie en réalité à une annonce effectuée le 25 septembre dernier à l’occasion de la Journée des Franco-Ontariens. Le détail des célébrations entourant le passage de Samuel de Champlain avait été rendu public au cours des derniers jours par le gouvernement.

« C’est toujours décevant. D’année en année, je veux voir un engagement envers la francophonie. Cette année, il n’y en a pas », a commenté la néo-démocrate France Gélinas, critique de son parti en matière d’Affaires francophones. « C’est sûr qu’on a mentionné le 400e. Mais pour assurer les soins de santé en français, les services communautaires ou une université francophone, il n’y a même pas un clin d’œil. »

Un constat d’absence ressassée également par le politologue Ian Roberge du collège universitaire Glendon de l’Université York. « Il n’y a effectivement pas beaucoup de précisions sur la francophonie dans le document. »

La maigre mention aux célébrations satisfait pourtant le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Denis Vaillancourt : « Ce paragraphe donne une place importante à la francophonie »

Le responsable de l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens cite par ailleurs les enveloppes confirmées pour la construction d’une nouvelle école catholique francophone à Peterborough, ou encore l’ajout de quatre salles de classe dans un établissement semblable à Chatham.

 

Absence pour le postsecondaire

Mais ces mentions au 400e et à la construction d’écoles sont bien les seules dans le pavé d’environ 350 pages. Bien que présent au fil des pages, le thème du postsecondaire n’a pas reçu une loupe particulière sur les francophones. Et ce malgré les revendications attisées dans les derniers mois pour la création d’une université franco-ontarienne d’ici 2018 à Toronto.

« On aurait effectivement rêvé d’une mention pour l’université franco-ontarienne », avance M. Vaillancourt. Du côté du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), le constat est plus sévère : « Le document ne comporte aucune promesse de reconduction pour la somme injectée dans le Centre-Sud-Ouest à ce sujet fin 2013 », s’alarme le directeur général de l’organisme, Alain Dupuis.

Une référence directe à l’enveloppe de 16,5 millions $ afin de bonifier l’offre de programmes postsecondaires en français dans la Ville-Reine sur une durée de trois ans.

Pour la troisième année consécutive, les charges du secteur de l’éducation postsecondaire et de la formation restent d’ailleurs gelées.

Même sans annonce concrète, la ministre déléguée aux Affaires francophones, Madeleine Meilleur, a signalé en entrevue à #ONfr que sa priorité pour 2015 serait l’éducation postsecondaire de langue française. « Investir dans les jeunes, c’est encore mieux que mettre votre argent à la banque », a-t-elle insisté.

 

Immigration

Autre thème actuellement en vogue pour les francophones, l’immigration devrait bénéficier d’un coup de pouce afin « d’aider les immigrants à réussir leur intégration ».

Le document fait à cet égard référence au projet de loi 49 présenté à novembre dernier visant à dynamiser l’arrivée d’immigrants dans la province.

Mais contrairement au projet de loi lequel comporte une mention pour une « immigration francophone de 5% », l’ébauche budgétaire ne s’épanche pas sur ce point.

« Il manque effectivement quelque chose », observe M. Vaillancourt. « On reste un peu sur l’appétit, en espérant que ce projet se concrétise vite. »

« On investit dans l’économie. On investit dans l’éducation. On investit dans la santé. Et surtout, on investit dans le transport et le transport en commun », s’est défendue en conclusion Mme Meilleur. « Et on a parlé, dans le budget, des fêtes du 400e. C’est une autre façon de dire haut et fort (…) qu’on a notre place. On va célébrer. »