Blitz de mesures contre la violence sexuelle

Kathleen Wynne, première ministre de l'Ontario. Archives, #ONfr

TORONTO – Vingt-cinq ans après la tuerie de l’École polytechnique, et à la lumière de récents scandales comme l’affaire Ghomeshi, le gouvernement libéral de l’Ontario y va d’un blitz de mesures contre le harcèlement et la violence à caractère sexuel.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

La première ministre Kathleen Wynne a dit vouloir relever le niveau de sensibilisation au harcèlement et à la violence sexuels, renforcer les mécanismes de prévention et offrir un meilleur soutien aux victimes, le jeudi 4 décembre.

« Nous pouvons, et devons faire mieux », a déclaré Mme Wynne lors d’un point de presse à Toronto. « Nous devons créer (…) dans nos entreprises, nos écoles et nos communautés, un environnement qui est sécuritaire pour tout le monde ».

La chef libérale à Queen’s Park a demandé à ses ministres de trouver des moyens d’améliorer le soutien aux victimes de harcèlement et de violence à caractère sexuel et d’en faire rapport avant le 8 mars, Journée internationale de la femme.

ÉDUCATION : Développer dans les écoles une compréhension des relations saines et du consentement.

JUSTICE : Travailler avec le Barreau et les facultés de droit pour faire en sorte que les avocats – et les étudiants en droit – respectent les lois sur la protection des victimes de viol.

SÉCURITÉ COMMUNAUTAIRE : Revoir la formation des agents de la paix pour faire en sorte que le secteur de l’application de la loi contribue davantage à faire du système de justice pénale un milieu plus sécuritaire pour les victimes.

TRAVAIL : Renforcer les lois actuelles sur la discrimination et le harcèlement dans les milieux de travail.

« Nous savons que seulement un petit pourcentage des victimes font le choix de porter plainte à la police. Nous devons changer ça », a exhorté Mme Wynne.

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La première ministre de l’Ontario a aussi annoncé la mise sur pied d’une table ronde permanente sur la violence envers les femmes, qui aura le mandat de conseiller le gouvernement sur les prochaines étapes de sa lutte au harcèlement et à la violence sexuels.

La province prévoit mener une campagne de sensibilisation du public, à l’hiver.

Tous les députés libéraux à Queen’s Park seront finalement conviés, d’ici février, à une formation spéciale au sujet des agressions et du harcèlement à caractère sexuel.

Débat politique?

Sur les banquettes de l’opposition, on accuse le clan libéral de politiser le débat.

« Ce n’est pas seulement un enjeu à Queen’s Park. C’est un enjeu à la grandeur de la province. Nous devons comprendre pourquoi si peu de victimes portent plainte », a insisté la députée progressiste-conservatrice Laurie Scott, le 4 décembre. « C’est pourquoi nous avons besoin d’un comité législatif (…) pour obliger le gouvernement à rendre des comptes ».

L’élue de la région de Kawartha a été la première à réclamer la mise sur pied d’un comité législatif non-partisan, début novembre, lorsque des soupçons d’inconduite ont commencé à peser sur l’ex-animateur vedette de radio Jian Ghomeshi, maintenant accusé de plusieurs agressions sexuelles.

« Ces recommandations nous arrivent à un moment où cet enjeu est très médiatisée. Je ne suis pas certaine qu’on aurait ces mêmes recommandations si l’enjeu n’avait pas été aussi médiatisé », a ajouté, dubitative, la chef néo-démocrate Andrea Horwath.