Désignation bilingue d’Ottawa : tout reste à faire

Archives #ONfr

OTTAWA – Les militants francophones continuent de rêver à la désignation bilingue de la Ville d’Ottawa pour le 1er juillet 2017, date du 150e anniversaire de la Confédération. À un an de l’échéance, tout reste à faire pour convaincre les conseillers municipaux.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Premier constat : le Mouvement pour une capitale du Canada officiellement bilingue (MOCOB) maintient la date de juillet 2017 pour réaliser ses ambitions. « On a toujours misé en 2017. Certains éléments font que le timing est parfait. On a des gouvernements qui appuient le bilinguisme officiel », fait part à #ONfr, Bernadette Sarazin, l’une des porte-paroles du groupe.

« On est en période de consultation auprès de conseillers. Nous essayons de mesurer leurs opinions. On vient de débuter la démarche. Notre intention est de lancer quelque chose de plus formel à l’automne. »

Un travail de longue haleine car, hormis le conseiller francophone du quartier Rideau-Vanier, Mathieu Fleury, personne autour de la table municipale ne s’est encore prononcé publiquement pour la désignation bilingue de la capitale du Canada. À commencer par le maire Jim Watson qui a toujours ressassé sa préférence pour un « bilinguisme pratique » à une véritable loi donnant un statut égal de l’anglais et du français au sein de l’appareil municipal.

Conformément au plan dévoilé en janvier dernier, le MOCOB exige, dans un premier temps, que les élus municipaux d’Ottawa se prononcent sur une résolution demandant à l’Assemblée législative de l’Ontario d’« adopter un projet de loi visant la reconnaissance de l’égalité de statut des langues française et anglaise au sein de la ville ».

Une fois la loi fondatrice de la Ville d’Ottawa modifiée à Queen’s Park, le MOCOB voudrait que la politique de bilinguisme de la Ville d’Ottawa adoptée en 2001 soit incorporée dans le règlement municipal.

« L’approche est une reconnaissance que la politique en place à la Ville d’Ottawa n’est pas parfaite mais robuste », insiste l’avocat François Baril, l’un des instigateurs des démarches législatives. « On cherche à s’assurer que les acquis de la communauté francophone soient enchâssés. »

L’avocat ne croit pas à l’argument que le statut bilingue demandé serait couteux. « Ça ne créer aucune obligation. Ce n’est pas le bilinguisme du gouvernement fédéral que nous demandons. Il s’agit d’une approche adaptée à l’histoire de la ville d’Ottawa, qui respecte la juridiction de la municipalité dans l’architecture des droits linguistiques en Ontario. »

Intérêt des conseillers

Pour M. Fleury, cette nouvelle approche législative est vue d’un bon œil par certains élus : « Nous avons eu une belle mise à jour avec le Mouvement. Cette approche rassure un peu les conseillers, comme il n’y aurait apparemment pas de modifications au processus d’embauches (lequel oblige certains postes à être bilingues), et pas de dépenses supplémentaires. »

De là à convaincre tous les conseillers? « Si 16 à 18 élus municipaux sont favorables au projet du Mouvement, ça serait l’idéal. Cela permettrait de passer directement par une motion au conseil. Dans le cas contraire, le processus pourrait être beaucoup plus long. »

L’édile de Rideau-Vanier estime que les choses pourraient s’accélérer au courant de l’automne.

À noter que le conseiller municipal du quartier Orléans, Bob Monette, lui aussi considéré comme francophone, n’a pas retourné nos appels au moment de mettre ces informations sous presse.

Outre le MOCOB, l’initiative de voir Ottawa devenir officiellement bilingue est également soutenue par l’ACFO d’Ottawa, le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), la Fédération des aînés et retraités francophones de l’Ontario (FARFO) et la Fédération des aînées et aînés francophones du Canada (FAAFC).

Le débat sur la désignation bilingue de la Ville d’Ottawa avait été relancé en juillet 2014 avec la création du MOCOB, sous l’impulsion de l’activiste Jacques de Courville Nicol.