Bilan 2016 : l’année des scandales à Queen’s Park

La fin de la campagne électorale fédérale marque le retour des projecteurs sur la chef libérale Kathleen Wynne. (Photo: Parti libéral de l’Ontario)
La première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne. La première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne. Archives

TORONTO – L’année 2016 a été marquée par de nombreux scandales dans les couloirs du pouvoir ontarien. L’une des proches conseillères de la première ministre libérale, Kathleen Wynne, a été arrêtée, alors que son gouvernement a dû expliquer quotidiennement pourquoi la facture d’électricité des citoyens avait autant augmenté. L’année n’a pas été facile pour autant pour les progressistes-conservateurs de Patrick Brown qui ont dû faire face à des déchirements internes et pour les troupes néo-démocrates d’Andrea Horwath qui tentent toujours de faire une percée significative dans les sondages.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE 
jmorissette@tfo.org@JFMorissette72

UN CHIFFRE

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Voilà la proportion d’Ontariens satisfaits de la politique de Kathleen Wynne selon le site ThreeHundredEight.com alors que 72,3 % des gens désapprouveraient son travail. Les libéraux ont connu une année en dents de scie dans les sondages. Malgré une chute prononcée dans les intentions de vote en janvier et février, le parti de Kathleen Wynne réussit à repasser la barre des 35 % au cours de l’été. Toutefois, la rentrée parlementaire en septembre a été marquée par une chute dans les sondages du parti au pouvoir depuis 13 ans à Queen’s Park. Au cours du mois d’octobre, les libéraux sont même tombés sous la barre des 25 %. Il s’agit du plus bas atteint par le gouvernement Wynne depuis septembre 2012. En contrepartie, le Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario et Patrick Brown ont connu une forte progression dans les sondages en 2016. Cet automne, les troupes de M. Brown ont franchi la barre des 40 %, une première depuis 2012. D’ailleurs, si une élection avait lieu en décembre, 28,7 % des électeurs préféreraient le chef du Parti PC comme premier ministre de l’Ontario.

UNE PERSONNALITÉ

Sam Oosterhoff

Sam Oosterhoff est passé en l’espace de deux mois d’un pur inconnu à l’une des personnalités politiques les plus médiatisées de cette fin d’année politique. Le plus jeune député de l’histoire ontarienne est aussi l’un des plus conservateurs de l’histoire politique récente de la province. Il est anti-avortement et le dit haut et fort. Il demeure plus flou sur sa position sur le mariage gay et il est, pour l’instant, rentré dans le rang sur le dossier du programme d’éducation sexuelle mis en place par le gouvernement Wynne. Mais en coulisses, plusieurs progressistes-conservateurs craignent que le jeune député de 19 ans ne vienne nuire aux efforts de Patrick Brown pour amener le Parti PC au milieu de l’échiquier politique. Les positions passées de Sam Oosterhoff sur les réseaux sociaux l’ont rattrapé et ont nui à son chef, qui a dû à nouveau insister sur sa vision progressiste de la société. Par ailleurs, peu de temps avant le début des vacances du temps des fêtes, des députés du PC de l’Ontario, dont Sam Oosterhoff, ont prononcé des discours devant des groupes chrétiens au sein même de Queen’s Park, forçant Patrick Brown a de nouveau défendre les véritables valeurs de son parti.

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UNE CITATION

« Notre gouvernement a fait une erreur. C’était mon erreur » 

Voilà, l’admission de Kathleen Wynne à la convention générale annuelle du Parti libéral de l’Ontario (PLO), en novembre à Ottawa. « Les gens m’ont dit qu’ils avaient eu le choix entre payer leur facture d’électricité, et acheter de la nourriture ou payer leur loyer. C’est inacceptable », a-t-elle alors admise. Depuis des mois, la controverse sur l’augmentation des prix de l’électricité colle au gouvernement Wynne. En septembre, Mme Wynne a tenté de calmer le jeu en accordant un remboursement de la taxe provinciale sur la facture d’électricité : ce qui correspond à un rabais moyen mensuel d’environ 11 $. La proposition libérale est loin d’être suffisante, selon l’opposition. Depuis des mois, le dossier de l’énergie domine d’ailleurs la période des questions en chambre. Le Parti PC et le Nouveau Parti démocratique (NPD) ne se gênent pas pour lier cette augmentation de la facture d’électricité à la décision du gouvernement de privatiser partiellement Hydro One. Le gouvernement persiste et signe : il ne reculera pas dans le dossier du distributeur d’électricité, affirmant que l’argent obtenu par la vente d’actions permettra de financer différents projets qui serviront à l’ensemble des Ontariens. Les citoyens, eux, pourront profiter du nouveau rabais mensuel dès le 1er janvier.

UN LIEU

Scarborough-Rouge River

La circonscription de Scarborough-Rouge River a été le théâtre d’une élection partielle particulièrement agitée, à l’image de la chute du gouvernement libéral dans les intentions de vote. Le 1er septembre, Raymond Cho, le candidat progressiste-conservateur de 80 ans à l’anglais approximatif, a été élu lors d’une victoire surprise dans ce château fort libéral. Tous s’entendent : l’augmentation des prix de l’électricité a nui aux libéraux. Mais ce n’est pas tout. La circonscription compte une forte proportion de famille ouvertement opposée au nouveau programme d’éducation sexuelle des libéraux. La campagne a même été marquée par l’envoi par les progressistes-conservateurs d’un dépliant promettant d’annuler le programme dans l’éventualité d’un succès électoral. Le hic? Patrick Brown jure n’avoir jamais approuvé le document qui va à l’encontre de sa position actuelle sur le sujet. Ses réponses floues, contradictoires et tardives lui auront mérité l’étiquette de « girouette », de la part du gouvernement Wynne.

UNE DATE

1er novembre

Le scandale du « Sudburygate » a éclaboussé les libéraux en fin d’année. Le 1er novembre dernier, Patricia Sorbara, l’ancienne chef de cabinet adjointe de la première ministre ontarienne et ancienne présidente directrice-générale du PLO, ainsi que Gerry Lougheed, ex-organisateur libéral de Sudbury, ont été accusés de divers chefs d’accusation de corruption en vertu de la Loi électorale de l’Ontario. Les deux accusés auraient offert à un candidat libéral potentiel, Andrew Oliver, de ne pas se présenter à l’élection partielle de Sudbury en 2015 en échange d’un emploi ou d’une nomination. Selon la loi électorale, toute tentative pour empêcher un candidat de se présenter en échange d’une récompense constitue un acte de corruption. Par ailleurs, on aurait également promis à Glenn Thibeault, l’actuel ministre de l’Énergie, un poste de ministre en échange de sa candidature libérale. La question est venue hanter longtemps Mme Wynne durant les dernières semaines à Queen’s Park.

thibeault

Quelques jours avec le début des vacances des fêtes, le procureur chargé du dossier, Vern Brewer,  a dû rectifier ses propos concernant l’implication de Glenn Thibeault dans cette affaire. Après avoir affirmé devant les médias que le ministre Thibeault avait cherché à obtenir un poste de ministre en échange de sa candidature, Vern Brewer a indiqué s’être mal exprimé et n’avoir jamais voulu indiquer que M. Thibeault avait agi par corruption.

En 2015, #ONfr avait livré une analyse semblable suivant les cinq critères retenus (personnalité, lieu, date, citation, chiffre) : http://onfr.tfo.org/bilan-2015-annee-survoltee-a-queens-park/