Autisme : Wynne persiste et signe

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MISSISSAUGA – Kathleen Wynne persiste et signe. La première ministre de l’Ontario affirme que la nouvelle stratégie de son gouvernement sur l’autisme permettra au final à plus d’enfants d’avoir accès à des traitements adéquats, malgré la grogne d’un grand nombre de parents.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Dans leur plus récent budget, les libéraux à Queen’s Park ont annoncé un investissement de 333 millions $ sur cinq ans pour réduire les temps d’attente pour des services d’aide aux enfants touchés par un trouble du spectre de l’autisme.

« Ce que nous essayons de faire, c’est d’assurer à chaque enfant autiste dans la province les services et les traitements dont il a besoin. À l’heure actuelle, il y a des enfants sur une liste d’attente », a fait valoir Mme Wynne en marge d’un point de presse à Mississauga, vendredi 15 avril. « Je comprends que la transition soit difficile pour les familles. Mais nous ne voulons pas que des enfants soient sur une liste d’attente indéfiniment. »

L’Ontario apportera des changements au programme d’intervention comportementale intensive (ICI), le seul traitement ayant amélioré de manière quantifiée le développement d’enfants autistes. Les jeunes âgés de cinq ans ou plus, pour lesquels la « fenêtre biologique » pour l’efficacité de l’ICI se serait refermée, selon des données du gouvernement, ne seront plus éligibles au traitement.

Qu’ils aient entrepris des traitements d’ICI ou qu’ils soient sur une liste d’attente, les jeunes autistes de cinq ans ou plus seront réacheminés vers un programme d’analyse comportementale appliquée (ACA), un traitement beaucoup moins intensif.

« Nous prenons les enfants pour qui la fenêtre biologique s’est refermée, qui sont âgés de cinq ans et plus, et nous les amenons vers un nouveau programme », a insisté Mme Wynne. « Nous devons donner à ces enfants les services dont ils ont besoin. »

Transition

Pendant la transition vers le nouveau programme, certaines familles pourront obtenir une subvention de 8000$ pour « acquérir immédiatement des services ou soutiens communautaires ».

C’est toutefois peu d’argent aux yeux d’un grand nombre de parents d’enfants autistes qui souhaiteraient poursuivre des traitements privés d’ICI, ceux-ci coûtant facilement plus de 5000$ par mois.

« Nous ne pourrons plus jamais avoir accès à des traitements financés par l’État pour notre fils et ça nous brise le cœur », s’est désolée Heather Bourdon, qui s’est rendue avec un groupe de parents d’enfants autistes à Queen’s Park pour demander aux libéraux de faire marche arrière, mardi 12 avril.

Une mère d’un enfant autiste qui suivait les débats parlementaires depuis les galeries du public n’a pas pu retenir sa colère, ce jour-là. « Menteurs! Menteurs! », a-t-elle crié alors que le gouvernement défendait sa nouvelle stratégie, avant d’être escortée vers la sortie par un agent de sécurité.

Les partis d’opposition dans la Législature ont demandé plusieurs fois au gouvernement de repenser sa stratégie sur l’autisme, au cours de la dernière semaine.

« J’aurais aimé que le gouvernement mette un frein à ces changements. Le traitement d’ICI est l’un des plus efficaces. C’est irréfutable », a déclaré le chef progressiste-conservateur Patrick Brown. « J’entends des histoires d’enfants qui sont sur une liste d’attente depuis deux ou trois ans et, tout à coup, il n’y a plus de traitement disponible pour eux. Ce n’est pas comme ça qu’on réduit une liste d’attente. »

« Ça n’a pas de sens de dire qu’on élimine une liste d’attente si la manière d’y parvenir est d’enlever tous les noms qui s’y trouvent. C’est tout à fait inacceptable. Le gouvernement devrait avoir honte », a fustigé à son tour la chef néo-démocrate Andrea Horwath. « Au minimum, il faudrait assurer aux enfants qui sont sur la liste d’attente qu’ils auront accès au traitement dont ils au besoin. »