Autisme : plus de choix, mais pas plus de services en français

Michael Coteau, ministre des Services à l'enfance et à la jeunesse. Crédit image: Maxime Delaquis

TORONTO – Les familles dont un enfant est atteint de trouble de l’autisme pourront recevoir une aide directe pour se tourner vers des services privés. Toutefois, ces changements ne viennent pas avec une augmentation de services en français, note une experte.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Selon le gouvernement, cela permettra aux familles de choisir entre recevoir des services directs ou recevoir du financement pour payer les services de leur enfant.

Toutefois, ce changement de règles pourrait nuire aux familles francophones estime la présidente de la Société franco-ontarienne de l’autisme (SFOA), Mercedes Rebolledo-Leduc.

« Pour les familles, c’est très bien de recevoir les fonds, malheureusement il y a très peu de services en français pour les enfants autistes », a-t-elle souligné en entrevue à #ONfr.

Selon elle, le financement direct pourra être bénéfique pour les familles, dans la mesure où les parents sont en mesure de trouver des services adaptés en français pour les enfants, ce qui n’est pas une partie gagnée d’avance.

« C’est une option qui serait bénéfique si on avait la possibilité de faire l’achat de services. En ce moment, tout ce qui nous est offert, ce sont des services d’orthophonie en privé (…) Mais il en existe très peu à moins que les enfants se dirigent vers des programmes qui ne sont pas adaptés à leurs besoins », déplore Mercedes Rebolledo-Leduc.

La SFOA gère notamment un camp de jour pour les jeunes atteints de trouble de l’autisme durant la saison estivale. La présidente de l’organisme note que les parents devront débourser de leurs poches les frais d’inscription à cette activité. Elle souhaite pour sa part que les parents aient toujours les moyens d’inscrire leurs jeunes au camp d’été.

« On répond jusqu’à présent aux besoins des enfants de la région, mais on va voir l’impact financier de notre côté », s’inquiète-t-elle.

Selon elle, seul le temps le dira si la décision du gouvernement est bonne pour les francophones.

 

Une transition graduelle

Le ministère des Services à l’enfance et à la jeunesse a indiqué que les familles qui reçoivent actuellement du financement direct continueront d’en recevoir durant la période de transition et par la suite pourront choisir la nouvelle option de financement direct du Programme afin de recourir aux services du fournisseur de leur choix.

Le ministre des Services à l’enfance et à la jeunesse, Michael Coteau, souhaite que la transition vers le nouveau Programme se fasse « en douceur pour toutes les familles ».

« Je tiens à rassurer les parents : l’aide financière directe que vous recevez actuellement ne cessera pas en juin; elle continuera jusqu’à ce que vous soyez admis dans le nouveau Programme », a-t-il indiqué.

Il ajoute que les changements apportés visent d’abord et avant tout à jeter les bases d’un service axé sur « les familles et adapté aux besoins, aux forces et aux objectifs particuliers des enfants ».

La transition vers les changements apportés par le gouvernement seront effectifs graduellement au cours des prochains mois et devrait être entièrement implanté d’ici le printemps 2018.

 

La suite d’une grogne

L’an dernier, le gouvernement avait annoncé que la transition vers le Programme ontarien des services en matière d’autisme allait permettre à certaines familles d’obtenir une subvention de 8 000$ pour « acquérir immédiatement des services ou soutiens communautaires ».

Un grand nombre de parents d’enfants atteints de trouble de l’autisme avaient déploré le manque de fonds alloués. Ces changements viennent corriger des lacunes longuements dénoncés par ces derniers.

Le président de l’Ontario Autism Coalition, Bruce McIntosh, s’est réjoui des changements apportés par le gouvernement, lui qui a milité pendant plus de dix ans dans ce dossier.

« L’option de financement direct offrira aux familles une meilleure flexibilité et plus de choix quant à la prestation des services à une fraction du coût par enfant », a-t-il déclaré.

Bruce McIntosh note tout de même que beaucoup de travail reste à accomplir et que l’Ontario Autism Coalition continuera de rappeler au ministre Coteau sa promesse d’offrir à chaque enfant les services dont il a besoin.

On estime qu’environ 40 000 enfants et jeunes ont un trouble du spectre de l’autisme en Ontario.