Anglais à la maternelle : le NPD lève le ton

La députée néo-démocrate France Gélinas lors de la présentation à Queen's Park de son projet de loi privé sur une future université franco-ontarienne avec les étudiants Lucas Egan, à gauche, et Éric Desrochers, à droite. Archives

 

TORONTO – Le Nouveau parti démocratique (NPD) s’alarme contre la décision du Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien (CSDCEO) de rendre obligatoire l’anglais à la maternelle dans quatre de ses établissements.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Dans une entrevue donnée à #ONfr, la néo-démocrate France Gélinas, critique de son parti en matière d’Affaires francophones, n’y va pas de main molle : « Tout cela est très décevant. L’anglais, ça s’attrape. Le français, ça s’apprend. On est dans un milieu minoritaire, les élèves sont bombardés d’anglais en dehors de l’école dès qu’ils allument leur ordinateur ou leur téléphone cellulaire. »

Quinze jours après avoir déposé un projet de loi privée en faveur de la création d’une université franco-ontarienne, la députée de Nickel Belt dans le nord de l’Ontario se dit prête à repartir au front : « Je vais examiner les éléments pour voir la prochaine étape et ce que nous (le NPD) pouvons faire. »

L’institution scolaire desservant 10 000 élèves francophones dans l’Est Ontarien avait affirmé récemment que ces cours d’anglais commenceront dès septembre 2015 dans les écoles élémentaires catholiques de Hawkesbury, L’Orignal, Saint-Eugène et Vankleek Hill. Les premiers cours du genre se situent généralement en quatrième année.

La ministre déléguée aux Affaires francophones, Madeleine Meilleur, tout comme le président de l’Assemblée la francophonie de l’Ontario (AFO) Denis Vaillancourt, ont appuyé la décision du CSDCEO.

« Je rappelle que cette décision du conseil scolaire est en réponse à la demande des parents de la région. La programmation proposée est spécifique au contexte régional où la majorité des gens vivent en français », explique à ce propos, Mme Meilleur, à #ONfr. « Je le dis souvent, il faut demeurer vigilant pour contrer les risques d’assimilation. »

Sans la citer, France Gélinas tance pourtant la ministre déléguée : « Les libéraux prennent souvent les francophones pour acquis, ne réalisant pas que leurs politiques favorisent l’assimilation. »

Interrogé aussi par #ONfr, Denis Vaillancourt défend quant à lui sa position : « Il y a un besoin de bilinguisme important dans la région de Hawkesbury. On dit souvent que le plan idéal pour absorber une langue, c’est entre 18 mois et quatre ans (…) Il sera intéressant de suivre cette cohorte d’élèves au cours de leur scolarité jusqu’en douzième année pour voir les résultats. »

Prudent, le président de l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens pose une distinction : « Si c’était à Windsor par exemple, je n’aurais pas soutenu le projet. Mais à Hawkesbury, on parle quand même d’une région très francophone. »

 

Silence des conservateurs

Joints par #ONfr, les deux progressistes-conservateurs, Garfield Dunlop, critique de son parti en matière d’Éducation, et Gila Martow, également critique en matière d’Affaires francophones, n’avaient pas retourné nos demandes d’entrevue au moment de mettre ces informations sous presse.

Le commissaire aux services en français de l’Ontario, François Boileau, n’a quant à lui pas souhaité s’immiscer dans le débat. « Ce n’est pas dans son champ de compétence », précise son bureau.