Alfred : réactions mitigées des francophones

Le président de l'AFO, Denis Vaillancourt.

OTTAWA – Les francophones en avaient fait l’un de leurs chevaux de bataille pour 2015. L’avenir du collège d’Alfred reste toujours en suspens à leur yeux. Le tout trois jours après que la province ait fait connaître sa décision dans un bref communiqué sur l’avenir du seul établissement francophone d’enseignement agricole de l’Ontario.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
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SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

« Ces conclusions n’ont pas vraiment suivi les pistes du rapport Godbout », déplore le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Denis Vaillancourt en entrevue à #ONfr. « Celles-ci avaient identifié alors la possibilité d’une gouvernance locale qui n’a pas été retenue par le ministère de l’Agriculture. »

Le facilitateur Marc Godbout, nommé par la province pour envisager l’avenir du collège, avait recommandé en décembre de placer l’établissement sous l’impulsion d’un nouveau Conseil de formation agricole (CFA) auquel devaient siéger, entre autres, les collèges Boréal et La Cité.

Des suggestions qui intervenaient alors après la décision en mars 2014 de l’Université de Guelph (UdeG) de larguer l’établissement de l’Est ontarien, mais aussi son pendant anglophone, le collège agricole de Kemptville.

L’idée principale du document dévoilé par la province, le 30 janvier, à savoir que le collège d’Alfred passe sous la gestion des « collectivités locales » afin d’assurer son avenir, fait aussi sourciller le président de l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens.

« On ne parle pas ici d’une gouvernance par et pour les francophones », insiste M. Vaillancourt. « On voit qu’à Kemptville, le ministère a recommandé également un transfert de propriété vers la municipalité de North Grenville. C’est oublier qu’à la différence de Kemptville pour les anglophones, Alfred, lui, est le seul collège agricole francophone de la province. Par ailleurs, je doute qu’il y ait déjà eu des démarches pour impliquer les différentes municipalités à ce projet. »

Le son de cloche est quelque peu identique du côté du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO). « Ce document laisse planer beaucoup d’incertitude sur l’avenir du collège », glisse la coprésidente de l’organisme, Geneviève Latour.

Satisfaction pour la rentrée 2015

Tout n’est pourtant pas négatif à la lecture du document, si l’on en croît les deux organismes francophones. Un point représente pour eux une note positive : l’assurance que l’établissement acceptera les admissions de nouveaux étudiants pour l’année universitaire 2015-2016.

« C’est effectivement un pas dans la bonne direction », reconnait Mme Latour. Un avis partagé par M. Vaillancourt qui évoque sa « satisfaction » devant cette confirmation.

Reste que le RÉFO et l’AFO s’interrogent déjà sur l’après 2016. « Beaucoup d’étudiants du collège restent préoccupés quant à leur avenir. Or, le rapport me mentionne pas comment conserver le collège à long terme », croit la coprésidente du RÉFO. « Les élèves qui souhaitent entrer au collège en première année pour 2015 ne sauront pas encore s’ils pourront y effectuer une seconde année », pointe M. Vaillancourt.

Prudence des collèges

Du côté des deux collèges francophones, assurant présentement la continuité des études à Alfred depuis le désengagement de l’UdeG, le dévoilement du document a été accueilli avec grande prudence.

« Le collège Boréal demeure disposé à travailler avec toutes les parties prenantes pour le mieux-être de l’ensemble de l’Ontario français », a fait savoir à #ONfr Jacqueline Gauthier, porte-parole du collège sudburois.

La direction du collège La Cité, à Ottawa, n’a pas souhaité « émettre de commentaires » pour le moment.