Alfred : l’Union des cultivateurs aurait dû être consultée

OTTAWA – La décision unilatérale de l’Université de Guelph (UdeG) de se départir de son campus d’Alfred, dans l’Est ontarien, irait à l’encontre d’une entente importante avec l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO), selon ce qu’a appris TFO.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Cette entente ne pouvait, en principe, être modifiée ou résiliée sans le consentement mutuel des deux parties signataires.

Or, l’UdeG n’aurait aucunement consulté l’UCFO avant de larguer son campus francophone de formation agricole, aux dires de Tom Manley, président du Conseil communautaire du collège d’Alfred.

« Il n’y a pas eu de consultation avant (l’annonce) mais il y en a eu depuis. Nous nous sommes donnés un an pour nous entendre sur la suite des choses », a confié M. Manley à 360 TFO, le mercredi 19 mars. « Je ne suis pas terriblement surpris (de la façon de faire de l’UdeG), mais tout de même déçu ».

« Assurer le développement et l’expansion »

L’ancien collège agricole d’Alfred s’était rattaché à l’UdeG en 1997, après avoir évolué de façon autonome pendant une quinzaine d’années.

L’UdeG et l’UCFO avaient alors convenu de travailler ensemble dans le but d’« assurer le développement et l’expansion du collège d’Alfred et de la collectivité rurale et agricole franco-ontarienne » dans son ensemble, stipule l’entente dont TFO a obtenu copie.

« Quand j’ai entendu les premières rumeurs de fermeture, j’étais complètement incrédule. Quand l’UdeG a officialisé la chose, j’étais sous le choc. Je n’avais aucune idée de ce qui se tramait », a partagé Simon Durand, directeur général de l’UCFO.

C’est aussi de l’entente du 4 avril 1997 qu’est né le Conseil communautaire du collège d’Alfred, un organisme sans but lucratif ayant certains pouvoirs et responsabilités, entre autres, aux chapitres du financement, de la programmation, de la recherche et des installations du campus francophone.

« L’entente sera un outil à notre disposition dans nos négociations avec l’UdeG pour finaliser la séparation du campus d’Alfred », a fait valoir M. Manley, joint à Guelph, peu avant une rencontre avec la direction de l’université. « Nous espérons tout de même que les choses se régleront de façon amicale, avant d’avoir à sortir ce marteau-là », a-t-il laissé entendre.

L’UdeG a reconnu ne pas avoir consulté l’UCFO avant de décider du sort du campus d’Alfred. L’établissement ne voulait apparemment pas que l’information s’ébruite avant de l’avoir partagée, d’abord,  avec son personnel et ses étudiants. En vain puisqu’il y a eu fuite dans les médias, la veille de l’annonce.

« Nous avons pris l’engagement de travailler ensemble pour dissoudre l’entente et trouver des solutions pour notre plus grand bénéfice mutuel », a avancé Rich Moccia, vice-recteur associé à la recherche et aux partenariats stratégiques de l’UdeG. « Nous souhaitons que la transition se fasse dans le plus grand respect. Certainement, nous ne souhaitons pas que ça aboutisse devant les tribunaux ».

Plan de sauvetage

L’UdeG a confirmé, le 12 mars, qu’elle délestera d’ici la fin 2015 son campus d’Alfred, ainsi que son campus anglophone de Kemptville, pour des raisons financières. L’établissement tente d’éponger un déficit de plus de 30 millions $.

« Ce fut une décision extrêmement difficile à prendre. Nous reconnaissons pleinement l’impact de cette décision sur la communauté francophone et ses agriculteurs. Mais il faut comprendre que nous sommes confrontés à d’importants défis financiers », s’est défendu M. Moccia.

Les rumeurs, puis l’annonce de la fermeture possible du seul établissement francophone d’enseignement de technologies agricoles et alimentaires de l’Ontario ont eu l’effet d’un électrochoc dans l’est de la province.

Les collèges Boréal, à Sudbury, et La Cité, à Ottawa, ont depuis conclu une entente de principe pour assurer, dès le prochain semestre d’automne, le maintien de certains programmes francophones de formation agricole à Alfred.

« C’est certain que nous serions beaucoup moins reconnaissants (à l’UdeG) si nous n’avions pas un plan ‘’B’’ », a relancé M. Manley, faisant référence au sauvetage d’Alfred par les collèges Boréal et La Cité.

« Si l’UdeG avait pris la peine de nous prévenir, nous aurions pu tout de suite commencer à préparer le transfert vers Boréal et La Cité, au lieu de parler d’une fermeture possible et ensuite, d’un sauvetage. Il n’y aurait pas eu d’incertitude », a reproché M. Durand. « Maintenant, nous devons récupérer nos billes. Nous espérons récupérer le maximum afin de donner les coudées franches à nos nouveaux partenaires ».