Alfred : « ce sera un processus évolutif »

Le ministre de l'Agriculture et des Affaires rurales, Jeff Leal.

TORONTO – Les libéraux de l’Ontario soufflent le chaud et le froid sur l’avenir du collège agricole d’Alfred. Après avoir préconisé un transfert de l’établissement « aux collectivités locales », voilà qu’ils semblent prendre une petite distance de cette option particulièrement impopulaire dans l’est de la province.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

« Ce sera un processus évolutif », a fait savoir à #ONfr le ministre de l’Agriculture et des Affaires rurales, Jeff Leal, le mercredi 25 février, après deux jours de consultations avec des représentants de la région de Prescott et Russell, où se trouve le seul collège franco-ontarien d’agriculture.

Fin janvier, le ministère de l’Agriculture a conclu qu’un transfert de la responsabilité du collège d’Alfred « aux collectivités locales », soit les Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR), était la meilleure option pour assurer « la propriété » et « maximiser le potentiel économique » de l’établissement sur le long terme.

Les CUPR ont vite renvoyé la balle à Queen’s Park, arguant d’une part que l’enseignement postsecondaire relève du domaine provincial, et d’autre part que le fardeau financier du collège s’avérait trop lourd pour le regroupement de huit municipalités rurales.

« C’est irréaliste. Cela représente 10% de notre budget », a déclaré Stéphane Parisien, directeur général des CUPR, à #ONfr, le 11 février.

« Beaucoup de travail à faire »

L’avenir du collège d’Alfred demeure incertain depuis que son institution-mère des 18 dernières années, l’Université de Guelph (UdeG), a décidé de s’en départir pour des raisons financières, en 2014.

Une délégation de l’Est ontarien a fait part de ses préoccupations par rapport à l’avenir du collège francophone à M. Leal en marge d’une conférence sur les municipalités rurales, à Toronto. Le groupe s’est appuyé sur un récent rapport de la firme d’experts-conseils Millier-Dickinson-Blais qui chiffre à 11 millions $ par année les retombées de l’établissement pour « montrer au ministre (son) utilité ».

Interrogé par #ONfr, M. Leal n’a pas voulu dire si la possibilité d’un transfert du collège d’Alfred aux CUPR était toujours sur la table.

« Nous allons plancher sur une solution pour nous assurer que nous continuions à offrir de l’enseignement agricole en français dans l’Ontario rural. C’est important pour nous », a insisté M. Leal, autrement peu bavard. « Nous devons nous rouler les manches. Nous avons beaucoup de travail à faire ».

Le hic, c’est que les libéraux à Queen’s Park se sont engagés à traiter « de façon équitable » le collège d’Alfred et son équivalent anglophone à Kemtpville, également menacé de fermeture depuis que l’UdeG s’en est désengagée. Et si l’option d’un transfert « aux collectivités locales » semble largement acceptée par la communauté agricole de langue anglaise, ce n’est pas le cas pour la communauté francophone. 

Un facilitateur nommé par la province, Marc Godbout, avait pour sa part recommandé de placer le collège d’Alfred sous la houlette d’un nouveau Conseil de formation agricole (CFA) auquel auraient siégé, entre autres, les collèges Boréal et La Cité.