2017 ou l’impossible relance de Kathleen Wynne

La première ministre l'Ontario, Kathleen Wynne. Crédit image: Maxime Delaquis

[ANALYSE]

TORONTO – 2016 fut pour les libéraux une annus horribilis marquée par la controverse des factures d’électricité, les scandales, et la sérieuse opposition des progressistes-conservateurs. 2017 aura été le calque de l’année précédente du côté de Queen’s Park. Les problèmes de l’année précédente ont simplement perduré.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

La vente d’Hydro One décidée il y a maintenant un an et demi a continué de hanter les bureaux de la première ministre. Touchés à leur portefeuille par des tarifs augmentés, les Ontariens en majorité restent dubitatifs sur les bénéfices de cette vente.

Et l’acte de contrition de Kathleen Wynne, suivi en mars d’une baisse de 25 % des factures d’électricité n’a pas ramené le calme espéré. Car cette baisse représente pour le Bureau de la responsabilité financière un cadeau empoisonné, qui se traduira dans quelques années par une nouvelle hausse.

« La crise de l’hydro » n’a pas été le seul boulet accroché aux pieds de la première ministre cette année. Le Sudburygate reste une histoire sans fin. En septembre, le début du procès des deux organisateurs libéraux pour corruption électorale à Sudbury n’a pas fait les affaires de la première ministre. Ironie du sort, ces deux mêmes organisateurs ont pourtant été blanchis aux termes d’un procès très médiatisé. Mais l’issue heureuse pour les libéraux reste secondaire en comparaison au sentiment de confusion, et des épithètes de « scandales » qui ont entouré le Sudburygate.

Troisième mauvaise nouvelle pour les libéraux : la confirmation que Patrick Brown est plutôt bien parti dans sa quête du pouvoir en juin 2018. Le chef progressiste-conservateur n’a pas flanché au cours des douze derniers mois. Dans un parti aux idées très éclatées, M. Brown est parvenu à mettre en sourdine ses députés très à droite sur les questions de l’avortement et de l’éducation sexuelle… au risque d’écarter les très dérangeant Jack MacLaren.

En présentant en novembre une plateforme basée sur la baisse d’impôts du revenu de la classe moyenne et des factures d’électricité, M. Brown n’a guère surpris. Mais il envoie ici un message clair aux électeurs lassés d’un gouvernement jugé à tort ou à raison dépensier.

Des chiffres budgétaires contestés

Dans ces conditions, l’équilibre budgétaire duquel les libéraux disent se rapprocher est apparu comme un petit rayon de soleil. Mais cet argument de poids du gouvernement a été contesté tout au long de l’année. La vérificatrice générale de l’Ontario et le Bureau de la responsabilité financière n’ont eu de cesse de parler d’un déficit aux alentours des 4 milliards de dollars.

Loin derrière les progressistes-conservateurs dans les sondages, Kathleen Wynne a passé l’essentiel de 2017 à raffermir sa base de gauche. La mise en place d’un programme d’assurance-médicaments et du salaire à 14 $ pour 2018 ont pour but de se différencier d’un Patrick Brown plus centriste que prévu, tout en coupant l’herbe sous les pieds des néo-démocrates moribonds.

Usure du pouvoir

Est-ce toutefois trop tard? Le parti de Kathleen Wynne est le seul qui se maintient depuis plus de 14 ans à la tête d’une Assemblée législative provinciale. Une longévité qui a pour synonyme moins d’indulgence.

En annonçant de ne pas repartir au combat pour les élections de juin 2018, les trois ministres « poids lourds », Glen Murray, Liz Sandals et Deb Matthews ont donné l’impression qu’une page s’était d’ores et déjà tournée. Mme Wynne n’a plus que cinq mois pour inverser le crépuscule.

Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 27 décembre.