Wynne lance un appel au vote stratégique

«Un vote pour Andrea Horwath est un vote pour Tim Hudak», a écrit la chef libérale Kathleen Wynne dans une lettre ouverte appelant les Ontariens à voter de façon stratégique, le 8 juin.

TORONTO – La chef libérale Kathleen Wynne demande aux électeurs de l’Ontario de voter stratégiquement, alors que sa formation demeure statistiquement ex-aequo avec les progressistes-conservateurs de Tim Hudak, à quelques jours des élections provinciales du 12 juin.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Dans une lettre ouverte, publiée le dimanche 8 juin, Mme Wynne affirme que sa formation est la seule capable, aux urnes, de faire un contrepoids à M. Hudak « et son équipe de démolisseurs ».

La chef libérale rappelle que son rival progressiste-conservateur a l’intention d’abolir 100 000 emplois dans la fonction publique de l’Ontario. Elle l’accuse de vouloir « détruire ou démanteler tant de choses qui (lui) tiennent à coeur dans cette province ».

Kathleen Wynne exhorte les électeurs qui songent à appuyer le Nouveau Parti démocratique (NPD) d’Andrea Horwath à passer dans le camp libéral pour empêcher l’élection d’un gouvernement Hudak à Queen’s Park.

« Un vote pour Andrea Horwath est un vote pour Tim Hudak », écrit Mme Wynne dans sa lettre, publiée par le Toronto Star, le 8 juin. « Parfois, dans une démocratie comme la nôtre, un nombre relativement petit de gens peut faire une énorme différence lors d’un scrutin ».

« Plus le parti de Jack Layton »

La chef libérale accuse, du même souffle, sa rivale néo-démocrate de renier des principes fondamentaux de son parti dans l’espoir, dit-elle, « de gagner quelques sièges de plus à l’Assemblée législative ».

« Ce n’est plus le parti de Jack Layton, Ed Broadbent ou Stephen Lewis », dénonce Mme Wynne dans sa lettre ouverte. « Andrea Horwath a abandonné les gens que le NPD prétendait autrefois défendre. Par le fait même, elle a créé la possibilité très réelle d’un gouvernement dirigé par Tim Hudak ».

La chef libérale estime que son gouvernement a déposé, tout juste avant le déclenchement des élections, un budget progressiste comme l’Ontario n’en avait pas vu depuis décennies.

Témoignage de désespoir

Aux yeux d’Andrea Horwath, la sortie de Mme Wynne n’est rien d’autre qu’un témoignage de désespoir de la part d’un gouvernement sortant taxé de scandales, à quatre jours des élections. La chef du NPD croit que la lettre ouverte de la chef libérale pourrait même se retourner contre elle.

« Peu importe à quel point (Mme Wynne) essaie de faire peur aux gens, les gens savent qu’ils ne sont pas obligés d’écouter et qu’ils n’ont pas besoin de se faire dire pour qui voter », a relancé Mme Horwath à Toronto, le 8 juin.

À son tour, Tim Hudak accuse les libéraux d’agiter leurs épouvantails dans le but, dit-il, de retenir les électeurs attirés par le changement. Le gouvernement sortant chercherait, selon lui, à diaboliser le plan progressiste-conservateur pour éviter de parler de son bilan ou de ses aspirations.

« C’est un match arrangé. Les syndicats de la fonction publique dépensent des millions pour des publicités négatives dans le but de faire élire des politiciens libéraux », a déclaré M. Hudak, de passage à St. Catharines, le 8 juin. « Mais que dire de la mère de famille qui travaille dur qui ne peut pas se permettre son propre lobbyiste ou sa campagne publicitaire? Je vais toujours me battre pour elle ».

Résultat serré

Les libéraux et les progressistes-conservateurs seraient statistiquement ex-aequo, selon les plus récentes prédictions du Forum Research, publiées le 7 juin. La marge d’erreur du sondage, de 3%, est supérieure à l’écart entre les intentions de vote pour les deux principaux partis à Queen’s Park. Ainsi, le clan Wynne récolterait 39% des appuis, contre 37% pour le clan Hudak. Le NPD comptabiliserait 17% des suffrages et les verts, 6%.