Wynne ferait du futur train léger d’Ottawa « une priorité »

OTTAWA – Si la libérale Kathleen Wynne a un bon point à retenir d’un débat des chefs autrement difficile, c’est qu’elle a réussi à s’approprier le dossier du train léger de la Ville d’Ottawa.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org |@fpdufault

L’appui des libéraux de l’Ontario au projet-phare dans la deuxième plus grande ville de la province pourrait faire la différence dans une, voire deux circonscriptions chaudes de l’endroit, à une semaine des élections 12 juin.

Malmenée par ses adversaires tout au long du débat des principaux chefs politiques de l’Ontario, le mardi 3 juin, Mme Wynne est tout de même parvenue à tambouriner que seul son parti financerait sa part d’une éventuelle seconde phase de la Ligne de la Confédération.

La chef libérale a ensuite profité d’une visite à Ottawa, le mercredi 4 juin, pour réitérer l’engagement de son parti à participer au prolongement du réseau de train léger dans la capitale nationale. Elle a dit en faire « une priorité ».

« Les gens de la région d’Ottawa sont exaspérés par les embouteillages et méritent d’avoir accès à un moyen de transport en commun rapide qui leur permette de se rendre au travail, de rentrer chez eux et de circuler plus efficacement dans la ville », a déclaré Mme Wynne, flanquée de sa candidate de l’est de la ville, Marie-France Lalonde.

L’engagement de Mme Wynne est toutefois conditionnel à une participation équivalente des gouvernements municipal et fédéral.

Le plus grand projet d’infrastructure à Ottawa

Les gouvernements du Canada et de l’Ontario se sont déjà acquittés chacun de 600 millions $ de la facture de la première phase de la Ligne de la Confédération, un parcours de 12,5 kilomètres, incluant un tunnel au centre-ville, dont la construction doit être achevée en 2018.

Il s’agit du plus important projet d’infrastructure à Ottawa depuis la construction du canal Rideau, il y a près de deux siècles.

Le maire Jim Watson projette ensuite d’étendre la Ligne de la Confédération vers l’est, l’ouest et le sud d’Ottawa, y ajoutant 19 stations et 35 kilomètres de voies ferrées. Son but est d’amener le train léger à moins de cinq kilomètres des deux tiers de la population de sa ville, d’ici 2023.

La facture de cette deuxième phase de la Ligne de la Confédération frôlerait les 3 milliards $. La ville, la province et le fédéral seraient invités à participer à hauteur de près de 1 milliard $ chacun.

Enveloppe de 29 milliards $ sur dix ans

Les libéraux à Queen’s Park promettent d’investir 29 milliards $ sur dix ans dans des projets de transport. La moitié de cette enveloppe irait à la grande région de Toronto et Hamilton, et l’autre moitié serait répartie dans le reste de la province.

Lors de sa visite à Ottawa, le 4 juin, Mme Wynne a martelé que ni les progressistes-conservateurs de Tim Hudak, ni les néo-démocrates d’Andrea Horwath n’ont fait de la deuxième phase du réseau de train léger dans la capitale nationale une priorité dans leur programme électoral.

« La conception de Tim Hudak en ce qui concerne un plan de transport en commun pour l’Ontario est un métro de trois stations à Toronto. Nous, les libéraux, comprenons que nous avons besoin d’encourager la mobilité dans toutes les collectivités, y compris Ottawa », a insisté Mme Wynne.

Dans sa deuxième phase, la Ligne de la Confédération se rendrait au cœur des circonscriptions d’Ottawa-Orléans et d’Ottawa-Ouest-Nepean, deux possessions libérales qui ont flirté avec les progressistes-conservateurs, lors des dernières élections, en 2011.

Les progressistes-conservateurs ont, à leur tour, reproché à Mme Wynne de distordre leur position quant au projet de train léger d’Ottawa, et ce, bien que M. Hudak n’ait pas encore dit clairement s’il appuierait, ou non, une deuxième phase du réseau ferroviaire.

« Elle a du nerf », a pesté Lisa MacLeod, députée sortante de Nepean-Carleton, sur son compte Twitter.

Rappelons que le parti de Tim Hudak s’est engagé, de son côté, à rapatrier au niveau provincial la route régionale 174, une artère importante dans l’est d’Ottawa.

« Un déficit plus élevé et (les libéraux) ne régleront toujours pas les problèmes (de congestion routière) à la jonction (de l’autoroute 417 et de la route régionale 174). C’est le message de la première ministre à Orléans. Non merci », a fustigé Andrew Lister, candidat progressiste-conservateur dans Ottawa-Orléans, sur Twitter.