Vers une mention linguistique sur la carte Santé

La carte Santé ontarienne. Archives #ONfr

OTTAWA – Capturer l’identité linguistique des Ontariens sur la carte Santé. L’idée fait de plus en plus son chemin du côté des Réseaux de service de santé en français.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Le troisième Forum annuel de la santé en français, tenu à Toronto, mercredi 11 mars, a permis de donner un peu plus d’ampleur à cette recommandation lancée en octobre par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) dans son premier « livre blanc » sur les assisses de la santé de l’Ontario français.

« C’était une idée parmi d’autres, mais qui a reçu un accueil vraiment favorable lors du Forum par les Réseaux de service de santé et les différentes Entités de planification présentes », s’est félicité le directeur général de l’AFO, Peter Hominuk.

La fameuse carte verte permettant les services de soins de santé payés par l’Assurance-santé de l’Ontario demeure bilingue, mais sans mention à la langue du patient.

Œuvrant pour un accès facilité à des services de santé en français, les trois Réseaux de la province voient en tous cas l’idée d’un bon œil. À l’image de celui de l’Est de l’Ontario, l’un des organisateurs justement du Forum.

« Le projet est vraiment de donner des moyens supplémentaires pour connaître les francophones et ainsi évaluer les manques. La santé se planifie à l’avance », explique à #ONfr, Jacinthe Desaulniers, la directrice générale du Réseau.

L’affaire avance si bien, qu’un projet pilote prendra forme dans ce sens très prochainement au sein de deux des 14 Réseaux locaux d’intégration des services de santé (RLISS) de la province. Seront concernés celui de Champlain, directement dans la région d’Ottawa, et celui du Sud-Est.

Les hôpitaux situés sur le territoire de ces deux agences de santé régionales devront directement collecter l’identité linguistique des Ontariens afin de « mieux cerner » les manques, précise Mme Desaulniers. Le tout sur une période d’un an. « Le gouvernement possède effectivement très peu de données sur les besoins en français », lâche M. Hominuk.

« Nous restons en discussion avec le ministère de la Santé et des Soins de Longue durée sur le sujet de la carte Santé », soutient de son côté la directrice générale du Réseau.

Développer l’offre active

Une nouvelle fois discutée lors du Forum en présence des différents partenaires, l’offre active des services en français reste toujours insuffisante. « On a des manques à beaucoup de niveaux, poursuit la responsable. Beaucoup de régions ne sont pas désignées en vertu de la loi 8 sur les services en français, ce qui demeure un défi permanent. »

Parmi les francophones particulièrement visés : ceux atteints de problèmes de santé mentale et les populations vieillissantes. « On parle ici de populations vulnérables. Sans compter que beaucoup d’aînés sont unilingues francophones. »

Pour parvenir à ses fins, le Réseau envisage une approche à « plusieurs niveaux » et précise. « L’offre active, ce n’est pas simplement de dire allo bonjour, car cette même personne, capable de donner un service en français, peut-être absente le jour d’après », avance Mme Desaulniers.

Si le « livre blanc » sur la santé voulait entre autres « solidifier les acquis de ces dernières années », l’option d’un sous-ministre adjoint à la Santé et aux Soins de Longue durée a été de nouveau débattue au cours du Forum.

« L’idée serait que cette personne (le sous-ministre adjoint), vraisemblablement francophone, permette une lentille francophone pour la santé, illustre M. Hominuk. C’est quelque chose qui se fait déjà au niveau du ministère de l’Éducation. »