Université franco-ontarienne : vers la naissance de la Maison de la francophonie?

Le drapeau franco-ontarien. Archives ONFR+

TORONTO – La longue saga de la Maison de la francophonie de Toronto pourrait connaître un dénouement positif avec la naissance d’une université de langue française. Le rapport du Conseil de planification de Dyane Adam évoque le rôle essentiel que pourrait jouer la Maison au sein du campus de la future institution postsecondaire.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« L’université s’associerait à la Maison de la Francophonie de Toronto qui projette d’acquérir, de gérer et d’assumer la responsabilité de l’hébergement destiné aux étudiants et membres du corps professoral de l’université de langue française, de services de garderie, de cafétéria et de traiteur, et de location d’espace pour des services communautaires », peut-on lire dans le rapport du comité consultatif sur l’Université franco-ontarienne, rendu public le lundi 28 août.

Le gouvernement de Kathleen Wynne a du même coup confirmé qu’il allait de l’avant avec le projet d’université franco-ontarienne. Cela signifie que la Maison de la francophonie de Toronto verra également le jour, selon son président Kip Daechsel.

« Notre espoir a été confirmé dans la mesure que si l’université avance, nous allons avancer avec eux. On offre un service dont ils ont absolument besoin et c’est cohérent avec l’idée de carrefour francophone », affirme-t-il.

Kip Daechsel révèle qu’au cours des derniers mois, son organisation a eu des discussions avec le comité de consultation présidé par Dyane Adam. « Une composante de l’université était manquante : les résidences universitaires. On nous a demandé notre intérêt et on s’est dit que ça allait bien avec le concept de notre Maison. La Maison de la francophonie veut loger des organismes francophones. Là, on logerait aussi des étudiants! », lance-t-il.

Une lettre d’intention a été signée, ce qui démontre le sérieux de la démarche, selon M. Daechsel. « Ça devient une obligation morale et politique », dit-il.

Depuis un peu plus d’un an, les instigateurs du projet de Maison de la francophonie avaient bien compris de la part du gouvernement que leur projet devenait soit secondaire, soit lié au projet de l’université. Ils ont choisi la seconde option. Mais encore beaucoup de flou demeure.

Selon le comité de planification de l’université, un budget de 83,5 millions de dollars est nécessaire sur sept ans pour donner vie à l’institution postsecondaire. « Franchement, je ne sais pas si on est compris directement ou indirectement dans ce montant », admet M. Daechsel.

Le rapport en dit plus sur le projet de la Maison de la francophonie et la manière dont il s’accorderait avec l’université. « La Maison de la Francophonie de Toronto s’intéresse à l’achat d’une propriété et à la gestion indépendante de résidences qui seraient mises à la disposition des étudiants et membres et du Collège Boréal, en particulier ceux de l’extérieur de la région du grand Toronto, dans un immeuble distinct situé près du Carrefour francophone », indique le rapport. Le rapport évoque même un site pour l’ensemble du projet, soit les berges de Toronto, où un complexe à la fine pointe de la technologie est sur les tables à dessin.

Le gouvernement demeure prudent

La ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Marie-France Lalonde, n’a pas voulu se mouiller sur le sort du projet de Maison de la francophonie, lors de son passage dans les studios d’#ONfr, lundi après-midi.

« Encore une fois, aujourd’hui notre gouvernement dit qu’il y a des éléments clés pour le mandat d’établissement d’une université. Ce qui a sorti de là est unique et je peux vous dire que comme gouvernement on est bien content de ce qui est sorti », s’est-elle contentée de dire.

Mme Lalonde a alors salué l’idée d’un carrefour communautaire et la possibilité d’avoir de nombreux organismes qui évoluent en parallèle à l’université, notamment pour loger les étudiants.

Un projet de longue date

L’idée d’avoir une Maison de la francophonie à Toronto est à peu près aussi vieille que celle de la création d’une université francophone en Ontario. Il y a déjà plusieurs décennies, des acteurs franco-torontois planchaient sur un lieu où la communauté pourrait se rassembler et vivre pleinement son identité francophone.

Depuis plusieurs années, les chapitres se multiplient dans cette longue saga visant l’ouverture de la Maison de la francophonie de Toronto. En 2014, une levée de fonds avec pour invité d’honneur l’ancien premier ministre Jean Chrétien avait permis d’amasser 100 000 $ au profit du projet. L’ACFO de Toronto a mis énormément d’énergie pendant un moment pour forcer la main du gouvernement provincial, sans succès.

En 2015, le maire de Toronto, John Tory, donnait son appui au projet lui donnant un nouveau souffle. Il promettait alors d’aider à trouver un lieu pour héberger la future Maison. Depuis rien n’a bougé du côté municipal. Pendant ce temps, en coulisses, du lobbying était effectué auprès des élus pour les convaincre d’appuyer le projet.