Une traduction qui laisse à désirer pour les progressistes-conservateurs

Le site web du parti progressiste-conservateur de l'Ontario. Crédit photo: Photo-montage #ONfr, Étienne Fortin-Gauthier.

TORONTO – Bien qu’une traduction ait été ajoutée au site web du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario six mois après l’avoir promise, des lacunes ont été constatées par #ONfr. La version francophone du site a finalement été confiée à Google Traduction, même si le Parti PC avait affirmé, en juillet dernier, que la traduction serait faite par des personnes « impliquées dans la communauté ».

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE 
jmorissette@tfo.org@JFMorissette72

« Nous sommes très conscients de la nécessité de traduire en français le site internet. C’est en cours. Nous allons le faire tôt ou tard », avait affirmé en juillet à #ONfr, Tamara Macgregor, directrice des communications du chef Patrick Brown.

La responsable avait alors spécifié que la traduction serait effectuée par des personnes « impliquées dans la communauté », et non par une entreprise.

Or, six mois après cet entretien, la traduction du site n’a pas été confiée à des gens, mais bien au site de traduction de l’entreprise américaine Google grâce à son logiciel de traduction, comme a pu le constater #ONfr.

Résultat : lorsque les francophones tentent de lire dans la langue de Molière les communiqués de presse du chef Patrick Brown et des députés de sa formation politique, les formulations de phrases laissent parfois à désirer. 

On trouve entres autres la traduction erronée de certains mots, comme celui de « riding » qui a été traduit par « équitation » plutôt que circonscription.

« Angely apporte une richesse d’expérience et une perspective unique à notre équipe moderne de PC Ontario inclusive et pragmatique. Un fier Canadien d’origine philippine, Angely est une immigration, un avocat constitutionnel et autochtone, et a servi en tant que directeur de plusieurs organismes sans but lucratif », peut-on également lire dans la traduction française d’un communiqué du parti au sujet de la nomination d’Angely Pacis en tant que candidat du Parti PC dans la circonscription de Mississauga-Centre.

Dans un échange de courriels, Tamara Macgregor affirme que le PC de l’Ontario travaille en ce moment sur des changements pour son site web.

« Quand ça sera terminé, nous aurons un site français complet », a-t-elle affirmé.

Toutefois, aucun échéancier n’a été avancé par la directrice des communications de Patrick Brown.

Ce n’est pas la première fois que le sujet de la traduction du site web est abordé. En février 2015, Gila Martow, critique en matière d’Affaires francophones pour les progressistes-conservateurs, avait affirmé à #ONfr que sa formation politique travaillait sur une version française du site qui devait être en ligne « prochainement ».

« Il sera traduit prochainement. J’ai demandé qu’on trouve quelqu’un pour le faire. L’ennui, c’est que ça risque de coûter de l’argent », avait-elle expliqué à notre micro.

Un pas vers la francophonie?

En 2014, lors de la dernière campagne électorale provinciale, le Parti PC avait traduit en partie son site, mais la version unilingue du site avait été remise en ligne après la victoire des libéraux de Kathleen Wynne.

Depuis le départ de Tim Hudak de la tête du parti, Patrick Brown a tenté à de nombreuses reprises de se rapprocher des communautés francophones. En plus de bien s’exprimer en français, le nouveau chef a effectué, en mai dernier, une opération de séduction auprès des groupes franco-ontariens. M. Brown s’est également engagé dans de nombreux sujets comme le projet d’une université franco-ontarienne.

En mai dernier, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) avait rencontré des membres du Parti PC et le sujet de la traduction de leur site web avait été abordé. L’ancien président, Denis Vaillancourt, avait alors indiqué à #ONfr s’attendre à ce que la traduction soit faite « prochainement ». Six mois plus tard, le président de l’organisme, Carol Jolin, ne mâche pas ses mots sur la traduction du site internet de l’opposition officielle à Queen’s Park.

« Ce n’est pas un travail énorme que de mettre une personne pour une quarantaine d’heures afin de faire la relecture de tout le site web et de faire les corrections qui s’imposent. Je trouve ça aberrant qu’ils ne soient pas capables de trouver un volontaire », s’exclame-t-il.

Par le passé, l’AFO avait déjà exprimé son souhait de voir des sites bilingues pour les partis politiques ontariens.

Questionnée si Patrick Brown prévoit continuer les efforts vers la communauté francophone et si d’autres rencontres du type sont prévues en 2017, Tamara Macgregor a indiqué que le chef du Parti PC allait « continuer de travailler pour bâtir des relations avec les communautés francophones ».

Du travail à faire aussi du côté du NPD

Bien que le site web du Nouveau parti démocratique (NPD) de l’Ontario ait un onglet français, tout n’est pas traduit simultanément là non plus alors que le parti compte de nombreux élus capables de s’exprimer dans les deux langues officielles du Canada. Lors que #ONfr est allé constater la situation, le dernier communiqué de presse publié remontait déjà à plusieurs semaines et les dernières nouvelles sur le parti ne sont disponibles que dans la langue de Shakespeare.

Un porte-parole pour la troisième formation politique à Queen’s Park a avoué qu’il restait du travail à faire pour que le site soit entièrement bilingue, expliquant tout de même qu’un effort était fait pour communiquer en français. La plupart des communiqués sont d’ailleurs produits en français, a-t-il ajouté, mais ne sont pas systématiquement mis sur le site web.