Une suggestion pour l’avenir du Bureau de la traduction

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OTTAWA – Alors que le comité permanent des langues officielles a entamé, lundi 9 mai, à huis clos, la dernière ligne droite de son étude sur le Bureau de la traduction du gouvernement fédéral, plusieurs voix s’élèvent pour demander la mise en place d’un Secrétariat général de la traduction.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Dans une lettre collective, dont #ONfr a obtenu une copie mardi 10 mai, les cosignataires, qui regroupent notamment des universitaires, des réviseurs et des traducteurs à travers le Canada, suggèrent aux membres du comité permanent sur les langues officielles la mise en place d’un Secrétariat d’État.

« À titre de contribuables conscients de l’importance de la traduction au pays, nous nous permettons d’adresser la suggestion suivante à ses membres. En l’absence d’un Secrétariat d’État (qui chapeautait autrefois le Bureau de la traduction et coordonnait l’ensemble de ses services dans l’appareil fédéral), il y a lieu, nous semble-t-il, de créer un Secrétariat général de la traduction et de le placer sous l’autorité du ministère du Patrimoine canadien, organisme chargé de l’application de la Loi sur les langues officielles. »

Plusieurs personnalités

Parmi les signataires, on retrouve plusieurs témoins venus défendre l’avenir et l’importance du Bureau de la traduction lors des audiences menées par le comité depuis cet hiver, dont le professeur émérite de l’Université d’Ottawa Jean Delisle, la professeure à l’Université d’Ottawa Linda Cardinal et le professeur de l’Université de Moncton Michel Doucet.

S’ajoutent également plusieurs personnalités du milieu de la francophonie canadienne et de la traduction, comme les professeurs de l’Université d’Ottawa Pierre Boucher et François Rocher, le professeur de l’Université Simon Fraser (Colombie-Britannique) Rémi Léger, l’archiviste en chef de l’Université d’Ottawa, Michel Prévost, et le président de l’Association canadienne des juristes-traducteurs, Louis Fortier.

L’avenir du Bureau de la traduction est sous le feu des projecteurs depuis janvier. La suppression par attrition de plusieurs centaines de postes depuis quatre ans, à laquelle devraient s’ajouter de nouvelles compressions d’ici 2017-2018, inquiète quant à la capacité de l’institution d’assurer son mandat. La solution de faire appel à la sous-traitance et de mettre en place un nouvel outil de traduction automatique a été vivement dénoncée durant les audiences menées par le comité.

Importance historique

Pour les cosignataires de la lettre, la traduction est indissociable de l’histoire du Canada et contribue à définir son identité.

« C’est pourquoi une politique sur les langues officielles doit être accompagnée d’une politique sur la traduction. Convaincu de l’importance identitaire de la traduction, le premier ministre Lester B. Pearson avait même songé à créer un ministère de la Traduction dans les années soixante », rappellent-ils.

Expliquant leur proposition, ils poursuivent : « Le Secrétariat général proposé coordonnerait toute la traduction au sein de l’administration fédérale. Ses services seraient obligatoires et non plus facultatifs, et ils ne seraient plus régis totalement par le principe du recouvrement des coûts. C’est la seule façon d’éliminer la surfacturation et la sous-facturation et d’assurer une qualité uniforme des traductions. »

Logique comptable

La stratégie du Bureau de la traduction a été défendue par la présidente-directrice générale, Donna Achimov, le 7 mars. Mais la logique comptable de cette dernière ne convainc pas les auteurs de la lettre.

« Il faut donc abandonner la logique comptable qui empêche l’actuel Bureau de remplir convenablement les exigences liées à son mandat de service public, notamment en matière de terminologie. Cette logique comptable compromet aussi le respect de l’égalité des deux langues officielles au pays, où de 85 à 90 % des traductions se font vers le français. »

Et de conclure : « La traduction ne devrait donc plus relever du ministère des Services publics et de l’Approvisionnement. On conviendra que la traduction et la terminologie ont plus à voir avec les langues, la diffusion des connaissances, la culture et le patrimoine qu’avec la construction des édifices fédéraux, la gestion du service de paye ou les enquêtes de sécurité industrielle. »