Un appui pour la francophonie canadienne

Les ministre Madeleine Meilleur, de l'Ontario, et Jean-Marc Fournier, du Québec.

TORONTO – L’Ontario et le Québec mettent la pression sur le gouvernement du Canada pour « arrêter l’hémorragie » à la Société Radio-Canada (SRC), estimant que les compressions au sein du diffuseur public mettent en péril la survie et l’essor de la langue française au pays.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Le fédéral a « la responsabilité légale et morale » de protéger la SRC « en lui donnant l’espace et les ressources financières nécessaires pour remplir dûment son mandat », a affirmé Madeleine Meilleur, ministre déléguée aux Affaires francophones de l’Ontario, lors d’un point de presse à Toronto, le lundi 20 octobre.

Mme Meilleur a exhorté Ottawa à « briser ce cycle malsain de compressions » qui, selon elle, mine la SRC et affecte toutes les communautés francophones, en particulier celles vivant dans des milieux minoritaires.

Le ministre québécois, Jean-Marc Fournier, a abondé dans le même sens.

« Nous croyons que l’image et le destin du Canada n’est pas d’avoir moins (de couverture francophone) mais d’en avoir plus. Et que non seulement ce soit une couverture en français, mais une couverture pertinente en français », a insisté M. Fournier, qui est responsable des Affaires intergouvernementales et de la Francophonie canadienne à Québec.

M. Fournier a dit vouloir rappeler à Ottawa ses obligations de radiodiffusion et de télédiffusion envers tous les francophones d’un océan à l’autre, mais sans, pour l’instant du moins, chercher la confrontation avec le gouvernement fédéral.

« On n’est pas rendu là », a fait savoir Mme Meilleur.

Compressions majeures

Les porteurs des dossiers francophones à Queen’s Park et à Québec ont dit avoir l’appui de leurs homologues de toutes les autres provinces et territoires au pays.

« La couverture de Radio-Canada peut être parfois, disons, centralisée », a déploré M. Fournier. « On entend souvent des gens de la francophonie à l’extérieur du Québec nous dire que le niveau de circulation sur le pont Champlain (à Montréal) ne les touche pas vraiment », a-t-il illustré.

La SRC prévoit réduire de 25% ses effectifs d’ici 2020, ce qui se traduirait par l’abolition de 1000 à 1500 postes. La société d’État fédérale a déjà annoncé la suppression de 657 postes à temps plein, plus tôt cette année, pour élaguer son budget de 130 millions $.

« Radio-Canada doit offrir une programmation typiquement canadienne qui reflète la diversité régionale du pays, et ce, dans les deux langues officielles à qualité égale », a insisté Mme Meilleur.

La ministre de la francophonie à Queen’s Park a dit souhaiter une « levée de boucliers » comme celle qui a facilité, selon elle, le retour d’un certain pourcentage de programmation locale en français à l’antenne de la SRC à Windsor, dans le sud-ouest de l’Ontario.

M. Fournier a ajouté que dans certaines régions du pays, la SRC est le seul média au service de la minorité francophone.

Le président de l’Association de la presse francophone (APF) et éditeur torontois Denis Poirier s’est, pour sa part, dit déçu que la situation précaire des journaux et stations de radio communautaires francophones en milieu minoritaire ne soulève pas autant d’inquiétudes de la classe politique que les compressions à la SRC.

Plusieurs journaux et radios vivraient pourtant, toutes proportions gardées, des heures aussi sombres que le diffuseur public, de l’avis de M. Poirier.