Trudeau s’excuse aussi pour sa réponse en anglais

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau. Archives #ONfr

OTTAWA – Quelques jours après s’être excusé pour sa réponse en français à Sherbrooke, le premier ministre Justin Trudeau a également adressé ses excuses à l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) pour une réponse en anglais à une question posée en français à Peterborough.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

L’incident est survenu le 13 janvier dernier lors d’un événement public à Peterborough dans le cadre de la tournée pancanadienne organisée par le premier ministre « pour être à l’écoute des Canadiens ordinaires », selon ce qu’avait annoncé le gouvernement.

Le premier ministre avait alors répondu en anglais à une question posée en français, avant de faire l’inverse quelques jours plus tard à Sherbrooke, au Québec, suscitant l’ire de nombreux citoyens anglo-québécois.

Après ces deux épisodes successifs, l’AFO avait mené une campagne de lettres au premier ministre, en partenariat avec le Quebec Community Groups Network (QCGN), intitulée « Parlez-nous dans notre langue ».

Alors que QCGN avait reçu une lettre d’excuses du premier ministre, le 14 février, dans laquelle M. Trudeau disait « reconnaître ses erreurs et comprendre l’importance de parler aux communautés minoritaires de langue officielle dans leur langue », l’AFO a reçu une réponse similaire quelques jours plus tard.

Dans sa lettre, datée du jeudi 23 février, à l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens, le premier ministre indique : « En ce qui concerne l’assemblée publique de Peterborough, je tiens à préciser mes sincères regrets : le Canada est un pays bilingue et j’aurais dû répondre aux questions dans la langue dans laquelle elles m’ont été posées. Soyez assuré que je le ferai à l’avenir. Je comprends qu’il est important que le premier ministre du Canada s’adresse aux communautés linguistiques en situation minoritaire dans leur propre langue. »


J’ai défendu toute ma vie les droits des minorités linguistiques à travers le pays et je continuerai de le faire à titre de premier ministre. » – Justin Trudeau


Selon l’AFO, la campagne « Parlez-nous dans notre langue » a permis l’envoi d’environ 85 lettres en français et 70 lettres en anglais à M. Trudeau, dans lesquelles on pouvait lire notamment : « C’est avec surprise que j’ai appris dans les médias que vous avez répondu en anglais à une question qui vous a été posée en français lors d’un événement public à Peterborough, le 13 janvier dernier. En plus, vous avez répondu en français à une question qui vous a été posée en anglais lors d’un événement à l’université Bishop’s, sept jours plus tard. S’adresser seulement dans la langue de la majorité, est-ce votre vision du bilinguisme? ».

Dans un échange de courriels avec #ONfr, le cabinet du premier ministre poursuit : « Il demeure très important pour le premier ministre – et pour l’ensemble de notre gouvernement – de souligner notre engagement incontestable à l’égard des droits des communautés de langue officielle en situation minoritaire à travers le pays. Nous continuerons à défendre leurs droits ».

Près de 60 plaintes

L’attitude du premier ministre lui a valu de nombreuses plaintes auprès du commissariat aux langues officielles (CLO) du Canada. Selon les derniers calculs du CLO, l’institution a reçu un total de 57 plaintes concernant ces deux épisodes, dont huit plaintes qui mentionnent l’incident de Peterborough.

Le premier ministre n’est toutefois pas tenu de respecter la Loi sur les langues officielles du Canada, selon le CLO, puisque seul le Conseil privé y est soumis. Une enquête est toutefois en cours dont les conclusions devraient être connues au printemps.

L’AFO n’avait pas, elle-même, porté plainte préférant encourager les citoyens à le faire en leur nom personnel, comme l’avait expliqué le président de l’organisme, Carol Jolin, à #ONfr.

La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada avait pour sa part interpellé le premier ministre par le biais d’une lettre ouverte l’invitant à faire preuve de leadership dans le domaine des langues officielles.