Trop peu pour encourager la conservation?

TORONTO – L’Ontario n’en fait pas assez pour encourager la conservation d’énergie, estime le commissaire à l’environnement de la province.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Gord Miller croit que l’écart entre les tarifs d’électricité aux heures de pointe et dans les périodes creuses – actuellement de 1,8 contre 1 – est trop faible pour motiver les ménages à mieux gérer leur consommation d’énergie.

« Pour générer des économies significatives, il faut que les tarifs (d’électricité) aux heures de point soient quatre à cinq fois plus élevés que les tarifs dans les périodes creuses », a fait valoir M. Miller lors du dépôt d’un rapport sur la conservation d’énergie, le mardi 13 janvier. « Notre ratio est tout simplement trop petit. »

Le gouvernement libéral à Queen’s Park s’est donnée pour objectif, rappelons-le, d’économiser 7 tétrawattheures d’ici 2020.

« Petite, mais observable »

Dans son rapport, M. Miller cite deux études de la province qui démontrent, dit-il, « une baisse, petite, mais observable, de la demande d’électricité de pointe au cours des mois d’été » depuis la mise en place d’une grille tarifaire selon l’heure de la consommation, en 2006.

« Si nous parvenons à réduire notre consommation de pointe, nous pourrons éviter de construire de nouvelles installations de production d’électricité », a insisté M. Miller devant la presse, faisant allusion à deux projets avortés de centrales au gaz qui font scandale dans la province depuis 2012.

En Ontario, le kilowattheure d’électricité coûte présentement 14¢ aux heures de pointe, 11,4¢ dans les périodes médianes et 7,7¢ durant les périodes creuses, soit de 19h à 7h et les fins de semaines.

Compteurs intelligents

Gord Miller se porte aussi à la défense des compteurs intelligents d’électricité qui seraient, selon lui, « essentiels à une gestion intelligente de l’électricité », et ce, malgré les coûts élevés de leur installation et les doutes soulevés par la Vérificatrice générale de la province quant à leur efficacité.

Le gouvernement de Kathleen Wynne n’a pas immédiatement réagi au dépôt du rapport du commissaire à l’environnement, le 13 janvier.

L’opposition à Queen’s Park croit, pour sa part, qu’il faut mettre l’accent sur d’autres mesures de conservation de l’énergie avant de parler des tarifs d’électricité aux heures de pointe.

« Les gens doivent obtenir du financement du gouvernement, à de faibles taux d’intérêts, pour investir (dans la conservation d’énergie) », a indiqué le néo-démocrate Peter Tabuns. « Les petites entreprises et les ménages sont à court d’argent. Ils sont endettés. Ils n’ont pas les moyens de se payer les travaux d’isolation et d’étanchéisation qui seraient nécessaires pour conserver de l’énergie. »