Toronto : le français ajouté au formulaire

Le français a été ajouté au formulaire en ligne de la consultation menée par la Ville de Toronto Montage #ONfr

TORONTO – Le français a finalement été ajouté au formulaire de la consultation menée par Toronto auprès de milliers de citoyens. La décision initiale de la Ville de bouder le français, mais d’inclure le mandarin et le coréen, a fait beaucoup jaser et sera au coeur des discussions lors de la prochaine rencontre du Comité consultatif francophone.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

La Ville de Toronto a ajouté, au courant de la semaine, le français aux langues proposées pour répondre à la consultation « Habiter en ville » (« Living in the city survey »). Une décision prise après la publication par #ONfr d’un article sur le sujet qui a provoqué de très nombreuses réactions, tant chez les francophones que les anglophones.

La nouvelle version du formulaire n’est cependant disponible que sur internet, la version papier ayant déjà été envoyée aux 50 000 citoyens invités à se prononcer sur la croissance soutenue de leur quartier.

Les deux langues officielles doivent être présentes sur ce type de document, s’entendent au moins deux membres du Comité consultatif francophone de la Ville de Toronto. Cet organe indépendant de l’appareil municipal conseille la Ville sur l’offre de services en français.

Gilles Marchildon et Léonie Tchatat, qui siègent au comité, vont exiger que cette question soit à l’ordre du jour.

« J’ai constaté cette absence du français avec beaucoup de déception. Ça devrait être naturel pour Toronto de s’assurer que ce type de communications soient dans les deux langues officielles », insiste Mme Tchatat, qui est aussi directrice de l’organisme La Passerelle-I.D.E.

Même son de cloche de la part de Gilles Marchildon, directeur de l’entité de planification des soins de santé en français Reflet Salvéo.

« On demandera de clarifier la position de la Ville, qui a déjà une politique à ce sujet. Il faut sans doute la rappeler aux fonctionnaires municipaux concernés et qui ont la responsabilité d’approuver les communications avec les citoyens », dit-il.

L’absence du français dans un calendrier multilingue de la Ville avait déjà fait les manchettes, en début d’année. Gilles Marchildon pensait que la Ville avait appris de cet événement. « On nous avait dit que c’était une erreur et que la politique n’avait pas été suivie. On pensait que le sujet était clos, mais c’est décidément pas le cas », ajoute-t-il.

Débats animés en ligne

Quelle place doit-être laissée au français à Toronto, la métropole d’un pays bilingue, où les francophones ne représentent qu’une infime partie de la population? La question a soulevé les passions en ligne. Autant sur Facebook, Twitter que Reddit, des centaines de commentaires ont été émis en lien avec la publication de notre article. Certains internautes estiment que la Ville doit faire preuve de pragmatisme et miser sur les langues qui sont les plus parlées à Toronto.

Un internaute qui commente la nouvelle sur la plateforme Reddit affirme que les francophones sont habituellement bilingues et qu’il n’est donc pas nécessaire de leur traduire la documentation.

Thomas Gallezot, un Franco-Torontois, a aussi partagé sa position sur les réseaux sociaux. Il estime que le nombre de francophones dans la région sondée au centre-ville est très peu élevé comparativement à la population asiatique. « Gardons nos forces pour des combats qui en valent la peine. La francophonie se portera-t-elle mieux en forçant la ville à faire des dépenses inutiles, créant ainsi du ressentiment et risquant de relancer les guerres linguistiques », ajoute-t-il.

D’autres sont d’un avis contraire. Plusieurs francophones et anglophones ont souligné l’importance pour Toronto d’offrir une place au français et à l’anglais, particulièrement lorsque d’autres langues sont utilisées dans les documents municipaux. « En ce qui touche la langue française, peu importe où, au Canada, le « pragmatisme » devrait venir en second lieu. L’honorer relève de la mémoire historique ce qui ne semble pas émouvoir les décideurs de Toronto », dit Lise Séguin sur le groupe Facebook « Fier d’être Franco-Ontariens ».

Un internaute fait valoir que Toronto a une responsabilité symbolique en matière de promotion du bilinguisme. « Oui, la majorité des francophones connaissent l’anglais, mais ce n’est pas vrai pour 99% d’entres eux. Les francophones sont une minorité invisible. Plusieurs viennent du Québec, d’Europe, d’Haiti et d’Afrique. On ne peut pas les reconnaître en se basant sur leur apparence physique, mais seulement avec leur langue. Plusieurs viennent à Toronto et rêvent d’un avenir meilleur considérant que c’est la plus grande ville d’un pays bilingue. Dans cette perspective, les services devraient être offerts aussi en français », dit-il.

Le quotidien français Le Figaro s’est aussi intéressé à toute cette question en publiant un article dans la section « langue française » de son site internet.