Sylviane Lanthier vise la continuité à la FCFA

Sylviane Lanthier
La présidente sortante de la FCFA, Sylviane Lanthier. Archive ONFR+

OTTAWA – La présidente sortante de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Sylviane Lanthier, espère continuer le travail entrepris depuis deux ans à la tête de l’organisme porte-parole des francophones en contexte minoritaire. Le 10 juin, elle tentera de se faire réélire pour un second mandat.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Pour la première fois depuis 2007, une présidente sortante de la FCFA verra son poste remis en cause par une élection. Le 10 juin, à Ottawa, Sylviane Lanthier sera opposée au président sortant de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA), Jean Johnson qui, le 5 mai dernier, avait révélé à #ONfr son intention de se porter candidat à la tête de l’organisme.

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La présidente sortante Sylviane Lanthier (à gauche) sera opposée à Jean Johnson (à droite). Montage #ONfr

« Quand j’ai été élue en 2015, j’avais indiqué vouloir m’engager pour quatre ans, si les membres étaient prêts à me maintenir leur confiance. Pendant ces deux premières années, il y a eu une première période d’apprentissage, pour bien comprendre les dossiers, apprendre à travailler avec les gens et bâtir des relations avec les organismes et les partenaires gouvernementaux. Nous avons semé beaucoup de graines et j’aimerais être là pour voir ce qu’on va en tirer. »

Le premier mandat de Mme Lanthier n’a pas été toujours facile. Fraîchement élue, elle a dû essayer de positionner l’organisme durant la longue campagne électorale fédérale, puis composer avec un nouveau gouvernement à la Chambre des communes.

« On a fait un gros travail pour faire connaître la FCFA et les besoins de la communauté. Dans un premier temps, le gouvernement a beaucoup consulté et nous avons été amenés à intervenir dans plusieurs comités. »

À l’automne 2016, l’organisme a également perdu sa directrice générale, Suzanne Bossé, qui a quitté ses fonctions après sept années de service.

« Pendant plusieurs mois, nous avons cherché une nouvelle direction générale. Notre directrice des relations gouvernementales et communautaires a dû faire deux emplois en même temps et l’équipe a travaillé très fort pour maintenir le rythme malgré tout. »

La nouvelle direction générale d’Alain Dupuis

Depuis, l’organisme a fait le pari de la nouveauté avec la nomination d’Alain Dupuis, l’ancien directeur général du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), entré en fonction le 23 mai. Ces changements pourraient favoriser la candidature de Mme Lanthier, même si l’intéressée ne veut pas en juger.

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Le nouveau directeur général de la FCFA, Alain Dupuis. (Photo : Patrick Imbeau)

« Je pense que la meilleure chose pour la FCFA est d’avoir une certaine continuité. Quatre ans, ce n’est pas trop pour laisser sa marque. Et puis, c’est important pour la visibilité de la FCFA et sa représentation publique d’avoir un visage à associer à l’organisme qui ne change pas trop souvent. »

Élue en 2015 face à l’ancien éditeur franco-ontarien du journal Le Voyageur, Réjean Grenier, Mme Lanthier se dit fière de son bilan.

« Je pense avoir travaillé au service des messages et des priorités des membres du conseil d’administration. »

Elle reconnaît toutefois qu’il y a encore beaucoup à faire, tout en nuançant les critiques de son adversaire M. Johnson, à l’effet que la FCFA n’est pas assez présente auprès des élus fédéraux.

« Nous avons fait beaucoup de demandes et avons organisé beaucoup de rencontres. On peut faire davantage, et ce sera une de mes priorités. »

En janvier, l’ancienne rédactrice en chef du journal franco-manitobain, La Liberté, a même décidé de se consacrer uniquement à la FCFA, quittant son poste de directrice générale du Centre culturel franco-manitobain (CCFM).

Les priorités de Mme Lanthier

Si elle est réélue le 10 juin prochain, Mme Lanthier promet de poursuivre le travail accompli.

« Nous avons une nouvelle planification stratégique et je veux travailler avec ce qu’il y a dedans. Je veux aussi renforcer la place des organismes de notre réseau pour permettre plus d’échanges sur nos bonnes pratiques et une connaissance des réalités de chacun. Ce que je veux, c’est un leadership partagé! Je voudrais aussi aller à la rencontre de toutes nos communautés. »

La présidente sortante cite également la modernisation de l’image de marque de la FCFA et la meilleure utilisation de ses outils afin de maintenir la crédibilité et la légitimité de l’organisme, mais aussi de le faire mieux connaître.

La récente controverse entourant la nomination de la commissaire aux langues officielles du Canada, Madeleine Meilleur, a secoué la francophonie canadienne. Des discussions ont également eu lieu au sein de la FCFA qui est apparue divisée sur cette question.

« C’est important d’avoir ce genre de discussions franches et c’est normal d’avoir parfois des points de vue différents, tout en restant solidaires », juge Mme Lanthier.

Elle estime toutefois important qu’à l’issue des échanges, tout le monde se rallie derrière la FCFA afin d’assurer que l’organisme soit un interlocuteur crédible et uni face à un gouvernement qui fera plusieurs choix décisifs dans les prochains mois.

Sera-t-elle celle qui portera cette voix? Le choix sera celui des membres, dit-elle.

« Je pense avoir fait un assez bon travail et établi de bonnes relations. J’espère que les gens voteront pour moi, mais ce sera à eux de choisir. »