Santé mentale : des soins inexistants pour les jeunes francophones de Toronto

Toronto (Crédit image: Archives, #Onfr)

TORONTO – Un jeune Franco-Torontois souffre de psychose ou de schizophrénie? Il ne pourra tout simplement pas obtenir d’aide dans sa langue. Le Centre francophone de Toronto vient cependant de recevoir le mandat d’identifier les besoins et de proposer des solutions pour combler le vide existant en santé mentale pour la jeune génération.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« En français, les services pour les jeunes à Toronto sont sporadiques et ne couvrent tout simplement pas l’ensemble du spectre des besoins. Avant 2012, il n’y avait rien en santé mentale. Maintenant, il y a certains services offerts notamment par le Centre francophone, mais toujours rien dans la Ville reine pour les cas plus sévères », observe la directrice du Centre francophone de Toronto, Lise Marie Baudry.

Bon nombre de francophones vivant à Toronto, notamment issus de l’immigration, ne peuvent pas s’exprimer parfaitement dans les deux langues du pays. « Lorsqu’on a un problème en santé mentale, il y a une limite à la spontanéité émotive qu’on peut exprimer dans une autre langue. Une bonne proportion de notre clientèle, composée de milliers de personnes, a besoin de se faire servir en français. D’autres bilingues préfèrent aussi le français lorsqu’ils vivent une situation de détresse », explique Mme Baudry.

Son organisation jouera un rôle clé au cours des prochains mois pour coordonner les services existants et les manières de bonifier l’offre en français. Mais elle devra cependant mener ses travaux sous la supervision d’un organisme anglophone.

Mandat bilingue

Le Centre proposait initialement de devenir l’organisme francophone responsable des services jeunesse en santé mentale dans la Ville reine. Le gouvernement a plutôt décidé de donner un mandat bilingue à un organisme anglophone, l’agence East Metro Youth Services.

« East Metro Youth Services a vite réalisé qu’elle avait besoin d’un partenaire en français qui connait la réalité de la communauté francophone et il a fait appel à nous. Actuellement, certains centres offrent des services en français, mais personne n’agit de manière coordonnée. Notre travail sera de trouver des manières de coordonner les actions et de faire de l’expansion », explique Mme Baudry.

Des changements structurels majeurs sont actuellement menés au sein de l’appareil gouvernemental dans le domaine de la santé. Le Centre francophone de Toronto devra donc dorénavant se rapporter à un organisme anglophone en matière de santé mentale chez les jeunes, plutôt que de travailler de manière plus directe avec le ministère des Services à l’enfance et à la jeunesse comme auparavant. C’est aussi cet organisme qui veillera à lui accorder du financement dans cette sphère de la santé.

Cela s’accompagne de nouvelles problématiques, comme le confiait récemment à #ONfr, le Commissaire aux services en français de l’Ontario, Me François Boileau. Même si une tierce partie entre dans l’équation et remplace le Ministère, elle doit continuer de respecter les règles en place sur les services en français, dit-il. « Il y a des obligations légales. Ça fait partie de mon mandat de s’assurer que lorsqu’on délègue à quelqu’un d’autre, qu’on s’assure que cette autre organisation puisse offrir des services en français de qualité ».

Le Centre francophone de Toronto est actuellement à mettre en place un groupe de travail formé des agences qui donnent des services en français pour développer un plan d’action d’ici la fin de mars 2016. Ce processus pourrait mener vers la signature de partenariats entre des acteurs anglophones et le Centre. Une telle entente avait été signée en 2012 avec le centre Hincks-Dellcrest pour mieux servir les adolescents francophones dans certains domaines.