Santé en français : « petits pas » dans le Nord ontarien

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TORONTO – Tranquillement, mais sûrement, l’offre de services de santé en français dans le nord de l’Ontario s’améliore, selon la directrice du Réseau du mieux-être francophone du Nord de l’Ontario. Le travail de fond effectué depuis cinq ans par son organisme porte ses fruits, se réjouit Diane Quintas.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« Les citoyens demandent toujours : est-ce que mon service est disponible en français aujourd’hui. Ça se comprend. De notre côté, nous travaillons à la planification et au développement des services et ça ne se fait pas du jour au lendemain. Depuis la naissance de notre organisation, nous avons avancé, mais ce sont… des petits pas », souligne Mme Quintas à l’occasion d’une entrevue avec #ONfr.

Son organisation, qui est responsable de conseiller les réseaux de la santé du nord de la province dans l’amélioration des services en français, tenait son assemblée générale cette semaine. Une occasion de faire le point sur une année d’avancées et de défis.

Au cours des derniers mois, le CASC, le Centre d’accès aux soins communautaires du nord-est, a été désigné en vertu de la Loi sur les services en français, alors que l’hôpital de North Bay a obtenu une désignation partielle. Ce n’est pas que symbolique, insiste Mme Quintas.

« Dans le cas du CASC, leurs services étaient déjà offerts en français, ça assure qu’ils vont continuer à l’être. Pour North Bay, ça permettra à l’établissement de mettre en place des politiques pour améliorer les services en français. On espère que ça va faire boule de neige dans les différents départements », fait-elle savoir.

Mme Quintas révèle que la Maison Vale Hospice de Sudbury pourrait aussi obtenir prochainement sa désignation. Une réponse est attendue dans les prochaines semaines.

Il demeure que l’augmentation des services en français dans le monde de la santé passe par la présence d’employés francophones ou bilingues. Et c’est là que le bât blesse. « Il y a déjà un problème à amener des ressources humaines anglophones dans le nord. Imaginez quand on rajoute l’aspect francophone! C’est un double défi », dit-elle.

Il y a probablement suffisamment de médecins en mesure de s’exprimer en français dans la province, mais il en faut plus qui accepte d’aller vivre dans le nord, dit Mme Quintas.

« Comme le révélait #ONfr récemment, il y a assez d’intervenants francophones, mais la majorité est dans le sud. Il faut innover pour les attirer chez nous. Les primes, ça attire les gens, mais ça ne permet pas de les garder. Il faut leur faire aimer le nord, comme nous on l’aime! », souligne-t-elle.

En Ontario, on compte 4030 médecins en mesure de s’exprimer en français sur les 28087 présents dans la province, selon des données du gouvernement. N’étant pas identifiés ou n’évoluant pas dans des établissements francophones, la plupart sont cependant occupés à servir une clientèle majoritairement anglophone.

Technologies à la rescousse

Plusieurs solutions sont mises de l’avant pour permettre aux francophones du nord de l’Ontario de recevoir des services plus adaptés à leurs besoins linguistiques.

« L’idéal, c’est de se présenter à une clinique et d’être accueilli par un médecin francophone. Mais en attendant, on développe la télémédecine et les services de traduction à distance. C’est mieux que rien », souligne Diane Quintas.

La télémédecine mise sur la vidéoconférence pour relier un patient francophone à un médecin de langue française qui se trouve ailleurs dans la province. Le gouvernement affirme que cela favorise une réduction des coûts et de l’empreinte de carbone associée aux déplacements des spécialistes de la santé.

L’utilisation d’un traducteur qualifié est aussi utile, insiste la directrice du Réseau du mieux-être francophone du Nord de l’Ontario. « On ne parle pas d’interprétation faite par l’enfant de la patiente! Ça implique des professionnels en mesure de traduire l’ensemble du vocabulaire médical », dit-elle.

Le rapport annuel du Réseau insiste aussi sur les efforts faits pour former les établissements de santé au concept d’offre active. Des outils ont été développés pour encourager les spécialistes de la santé à mieux comprendre les besoins des francophones et à les orienter vers les ressources qui peuvent les aider.